C'est vrai ! On avait beaucoup glosé autour de ces questions, mais bien avant que le monde, le 11 septembre 2001, ne se démarque des vraies valeurs universellement reconnues et acceptées par tous pour se scinder en deux seuls blocs.
Naturellement, il ne s'agit plus de dichotomie séparant l'est de l'ouest, sinon les communistes des capitalistes, mais plutôt d'occident et de reste du monde, des nantis et des pauvres.
Rappelons-nous qu'au soir de cette date fatidique, toutes les puissances de premier ordre avaient accouru à Washington apporter leur soutien sans réserve à Georges W. Bush, un acte autorisant du même coup ce dernier à désigner publiquement à la vindicte le monde musulman, prétendument source du malheur qui venait en réalité d'atterrer non pas seulement les Américains mais le monde entier, d'un bout à l'autre de l'univers. Semblable catastrophe n'était en effet ni prévisible ni seulement concevable, tant elle avait partout frappé les imaginations.
Malheureusement, pour venger les trois mille victimes de New York,l'on s'était empressé de lever le doigt tout de suite sur un pays entier à démolir, l'Afghanistan, et ce, au nom d'un soi-disant droit de poursuite de l'ennemi public déclaré, Oussama Benladen, dont on pressentait, vaguement d'ailleurs, la présence dans les lieux.
La suite, nous la connaissons fort bien pour déplorer :
Acte 1 : Les milliers de victimes afghane abattues bien souvent froidement par une coalition déchaînée, dépêchée promptement sur les lieux, sans plan précis autre que celui de raser des maisons, de détruire des vies humaines, de casser soi-disant du Taliban, dont l'on savait pourtant aussi bien l'arriération et l'inculture que l'incapacité flagrante de concevoir des plans de destruction de New York et moins encore de piloter des avions de ligne ;
Acte 2 : Le revirement intervenu par suite, au niveau même de cette coalition, pour chercher à se dépêtrer du bourbier de Kaboul, quitte à faire partager le pouvoir avec les mêmes Talibans, maîtres réels des lieux et que l'on était venu décimer ;
Acte 3 : L'agression caractérisée opérée par une autre coalition contre l'Irak qui cause aujourd'hui encore des victimes innocentes chez un peuple qui avait déjà lourdement souffert du temps de Saddam.
Nous nous retrouvons, enfin, avec un "machin", du nom de l'ONU, totalement mis au service exclusif du puissant Etat dominant le monde aujourd'hui, les Etats Unis d'Amérique. Toute décision quelconque relève depuis cette date de la seule volonté de Washington, agréant qui il veut, sanctionnant qui il veut, imposant enfin une espèce de dictature inédite faisant même des pays européens, dits pourtant libres et démocratiques, des complices de tortures, d'enlèvement illégaux d'hommes et de femmes simplement dénoncés à la vindicte de la CIA ou des autres services de l'oncle Sam.
Finalement, peut-on projeter cette espèce de gouvernance mondiale évoquée, si l'ensemble de l'occident se ligue aujourd'hui derrière Washington pour approuver toujours, même quand c'est du bout des lèvres, la domination du monde par l'Amérique, parce que trois mille de ses ressortissants ont péri le 11 septembre ? Déjà, dans le rapport d'une de ces victimes contre cent, les Afghans, les Irakiens et autres ont payé un tribut bien plus fort comme rançon gratuite et outrageusement excessive, surtout si l'on sait que les véritables agresseurs du 11 septembre, pour leur majorité, tirent leurs racines de l'autre côté, à Riadh, où l'on ne s'est pas même donné la peine de rechercher la présence possible du principal ennemi public recherché par toutes les polices mondiales.
Non ! Cette gouvernance n'a et ne peut avoir de sens que si l'on se départit, notamment en Europe, de cette immense hypocrisie qui oblige à fermer les yeux sur cet immense scandale que constituent les abus aussi inhumains, immoraux et inacceptables du gendarme du monde, à la rescousse duquel un Sarkozy, entre autres, se hâte d'apporter son entier appui avec la bénédiction de toute sa tribu de l'UMP.
L'Occident, qui est responsable de la plupart des malheurs du monde d'aujourd'hui - jusques et y compris les effets du réchauffement climatique -, doit d'abord faire son mea culpa, reconnaître ses égarements anciens et présents, réexaminer les responsabilités qui sont les siennes dans le sens où les retards accusés par le tiers monde - car, c'est cette partie de la planète qui souffre le plus - sont d'abord le résultat de sa propre voracité à dépouiller les autres peuples de ce qui leur reste encore comme matières premières pour survivre, du mépris qu'il cultive notamment à l'égard l'Afrique qu'il accuse à tort de ses propres turpitudes.
Mais, comme, hélas, il n'est guère prêt à s'amender, l'on continuera de vivre ces anachronismes dignes du moyen-âge où les peuples eux-mêmes sont déchus de la capacité de choisir leurs propres dirigeants, une faculté ressortissant, il est vrai, de la seule compétence des régimes anciennement coloniaux, les seuls maîtres, derrière les USA, de la décision.
Enfin, comme les Américains eux-mêmes appartiennent à cette race d'hommes à l'esprit peu cartésien, capables de passer d'une extrémité à l'autre en un rien de temps, il reste à souhaiter qu'un changement de politique, à la faveur des élections présidentielles prochaines, s'ouvre sur une perception diamétralement opposée du rôle d'un organe comme l'ONU et son conseil de sécurité. Il se pourrait alors que des gens plus avertis réussissent enfin à tirer le "machin" des griffes de Washington pour lui donner les capacités d'appréhender le problème de la gouvernance en débat sous un jour bien meilleur.