Les évadés de Kenitra auraient en fait emprunté un tunnel creusé il y a une vingtaine d'années par des militants d'extrême gauche incarcérés dans cette même prison, du vivant de Hassan II.
C'est Abdallah Zaâza, un ancien militant communiste condamné à perpétuité, qui déclare l'avoir lui-même réalisé avec deux compagnons d'infortune de décembre 1986 à octobre 1988. A l'issue d'une réclusion de 14 ans, Zaâza ayant alors bénéficié d'une mesure de grâce, dit qu'il s'était dispensé de passer à l'acte quand bien même le tunnel se trouvait-il achevé.
Certains éléments divulgués dans la presse comme la taille de plus de vingt mètres, la largeur de soixante centimètres et l'aboutissement à une bouche d'égout faisant face à son ancienne cellule 46, ont permis à Abdallah de retrouver les traces de son ouvrage, à propos duquel d'ailleurs il avait fait état dans un journal marocain en 2003.
Il semble que cette thèse explique de façon plus crédible certains points d'ombre non élucidés jusqu'ici, à l'exemple du volume important des gravats extraits ne pouvant trouver sa place dans une cellule de 4 m² qui était celle des prisonniers évadés ou encore du temps, relativement court, mis à perforer le tunnel avec des moyens dérisoires comme les cuillers et les casseroles sans jamais attirer l'attention des gardiens.