Dans un article de l'
Expression publié aujourd'hui, Nadia Benakli se joint à Boudjera Soltani, du MSP, parti de l'Alliance dite présidentielle, pour protester, non sans une grande retenue, contre le verrouillage de la chaîne de télévision nationale, l'ENTV.
Seul moyen télévisuel existant en Algérie, cette dernière, depuis l'avènement de Bouteflika à la tête de l'Etat, en 1999, ne donne, il est vrai, l'occasion aux responsables politiques d'intervenir à l'antenne que dans des circonstances particulières et limitées dans le temps. Tel est surtout le cas lors des campagnes électorales.
Le dirigeant islamiste comme la journaliste trouvent tout à la fois anormal et illégitime que les Algériens, pour s'exprimer sur n'importe quel sujet, soient tenus de s'adresser à des chaînes étrangères qui renvoient ensuite l'information par le canal du satellite à leurs concitoyens.
Il est temps, se demandent-ils, que les autorités politiques reconsidèrent la question dans le sens où la réouverture de l'ENTV au débat public permette aussi aux téléspectateurs de ne pas rester en retrait d'un moyen de communication très actif et particulièrement efficace en matière d'éducation des masses, etc.
Comme on le voit, rien dans ces propos ne vient plutôt dénoncer le caractère exagérément dictatorial de l'emprise du pouvoir politique sur les médias. On croît rêver en pensant, l'espace d'un instant, à cette ouverture fantastique qui avait succédé au chamboulement opéré en 1989, à la faveur des évènements regrettables d'octobre 1988. Un signal fort, ayant valeur d'exemple, était alors donné à un grand nombre de pays du tiers-monde restés cloisonnés dans leur vision étriquée d'un pouvoir exclusif et autoritaire. N'eût été d'ailleurs le détournement regrettable de cet élan prodigieux par les sanguinaires du FIS, le sort de l'Algérie aurait pu être autrement différent et surtout bien loin d'augurer l'avènement d'un despote du genre Bouteflika resté par trop confiné dans le culte d'un caporalisme cher à son alter ego Boumediene.
Le mal irréparable que l'on peut aujourd'hui reprocher particulièrement à un journal comme l'
Expression est précisément de soutenir depuis le début le règne du président en exercice, en feignant de faire la sourde oreille à toutes les maladresses, à toutes les dérives, à toutes les malversations - caractéristiques autant d'une incompétence notoire que d'une inhabileté à diriger un Etat -, qui rendent aujourd'hui Bouteflika aussi exécré que la peste par ses propres amis d'hier.
En ce sens, reste entière la responsabilité de Fatani, directeur de l'Expression, dont le régime s'est acheté à bon compte les services en lui accordant l'agrément, chose inhabituelle pour un nouvel organe de presse lancé sur le marché depuis 1999. Chacun sait, au demeurant, que Fatani, croyant régler ainsi de vieux comptes avec ses anciens associés de Liberté, a fait prévaloir égoïstement ses intérêts personnels avant ceux, autrement plus importants, du journalisme.