Les municipales en France font grincer des dents

Les résultats de ce premier tour des élections municipales en France donnent, ce soir, une légère avance à la gauche. Les listes de cette dernière et des Verts totalisent, à 21 h, quelques 47,5 % des suffrages, contre 40 % obtenus par la droite, sur une participation estimée entre 68 et 70 % environ.

Certaines grandes villes ont parfois changé de couleur, mais d'autres, bien plus nombreuses, sont arrivées en ballottage bien souvent profitable à la gauche. Cela a fait dire à Ségolène Royal que ce premier tour est "un vote sanction" pour le pouvoir, pendant que François Fillon, le Premier ministre, considère, lui, qu'il est plutôt "indécis mais plus équilibré qu'annoncé".

Les enjeux se situent en effet au second tour, où nombre de candidats, en s'effaçant devant leurs concurrents, feront changer tous les résultats.

Enfin, le parti Modem de François Bayrou est celui qui aura bien plus perdu que ses concurrents. Après la dégelée subie aux élections présidentielles, combinée à la scission qui a fait voler en éclats tout le travail de titan entrepris jusque-là par son guide, le Modem a essuyé aujourd'hui de nouvelles déconvenues qui le rangent quasiment au niveau des petits partis rangés aux extrêmes.

C'est bien une victoire de la gauche, au 2è tour des élections municipales.

Malgré un faible taux de participation - 65,5 % des électeurs ont voté -, le Parti socialiste peut se féliciter d'avoir ajouté 9 départements supplémentaires aux 51 autres qu'il contrôlait jusque-là, ce qui lui donne un poids considérable pour peser désormais sur la décision politique de demain.

L'avancée du parti de gauche est d'autant plus nette qu'il inscrit à son palmarès désormais huit ou neuf villes supplémentaires de plus 30 000 habitants. Il reste, bien sûr, à décompter, à l'heure présente, les résultats définitifs de deux principales villes, Paris et Marseille, pour avoir une évaluation plus complète des résultats de ce soir.

De toute évidence, c'est la politique de droite de Sarkozy qui a été sanctionnée à ce scrutin. L'approche bien singulière de la question notamment de laïcité, le non respect des promesses au plan du pouvoir d'achat, de l'équité devant l'impôt, et surtout le comportement personnel et public du chef de l'Etat ont grandement influé sur le vote des Français, observent les instituts de sondage.

Aussi, parle-t-on d'ores et déjà de changements notables à attendre au niveau de l'équipe gouvernementale, sous réserve que Sarkozy se décide à donner un sens au message que les électeurs lui ont transmis aujourd'hui.

Bayrou et Le Pen, deux chefs de file du Centre et de l'extrême-droite, sont enfin les plus grands perdants de ces élections, où ils n'ont récolté quasiment aucun siège de maire, du moins d'une grande agglomération.

A l'UMP, au lendemain d'un échec retentissant aux municipales et aux cantonales, il se forme désormais deux tendances, presque opposées l'une à l'autre. La première, méditant la leçon reçue des électeurs, souhaite, avec Jean-François Copé, chef du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, et Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, une rectification de tir dans les projections du gouvernement, pour l'inciter à gouverner non à droite toute mais au centre, en profitant de l'effacement devenu désormais réel du Modem, le parti de François Bayrou. La seconde, pilotée par la frange des thuriféraires de Sarkozy, à l'exemple de François Fillon, le Premier ministre, a tendance à minimiser la victoire de l'adversaire. Elle s'accroche mordicus aux réformes entamées déjà et à la poursuite du même cap de droite aveugle qu'avait tracé le président de la République au lendemain de son élection, en mai dernier.

En face, au Parti socialiste, l'on se réjouit naturellement de la victoire pour rappeler Sarkozy à son devoir de corriger ses bévues. Mais en même temps, il s'y ouvre aussi une espèce de course à la montre pour la succession de François Hollande, dont l'on sait, depuis un certain temps, que de grands leaders n'attendent que le moment opportun pour présenter leur candidature officielle.

Le PCF, les Verts, le F.N., enfin, sont, avec le Modem, les autres grands perdants de ces dernières élections qui apportent résolument une transformation majeure au paysage politique français d'hier.