Le Parlement algérien, dont l’on sait le coût de fonctionnement exorbitant et l’impact négatif considérable sur les finances publiques, pendant que, en retour, il n’apporte aucune contrepartie tangible qui satisfasse les attentes légitimes du citoyen, cultive désormais l’espoir chimérique de créer, sur le dos naturellement du contribuable, sa propre chaîne de télévision. Voulant singer sans doute les parlements européens, comme ceux de France ou d’Italie qui, l’un et l’autre, dans un monde de démocratie exemplaire, se sont dotés incontestablement d’une chaîne de grande audience justifiée par un apport culturel réel, députés et sénateurs algériens voudraient sans doute se passer de l’ « Unique » chaîne publique pour diffuser à profusion leurs monologues creux et insipides dans l’intention évidente de développer ainsi dans l’opinion leur image de soi-disant dignes représentants du peuple. Ils feignent seulement d’ignorer que leur assemblée croupion, à dire vrai, n’intéresse de longue date déjà qu’une poignée de gens de la claque, toujours les mêmes, prêts à tout moment à applaudir les moindres faits et gestes de leur mentor de l’heure.
Connaissant, au demeurant, l’aridité légendaire sinon la qualité misérable et détestable des émissions de la chaîne publique, c’est à se demander où les promoteurs de la chaîne en projet iront-ils chercher les programmes indispensables pour meubler régulièrement les temps d’antenne. Tout bien considéré, il n’est pas exclu, certes, que ne se trouvent, parmi les « illustres » représentants du peuple, de réelles potentialités individuelles, inédites et inexploitées jusqu’ici et même capables de nourrir l’illusion de pouvoir amuser les téléspectateurs à travers des émissions faites essentiellement de rires, de sketches, de danse ou de discours creux qui ne convainquent pas mêmes leurs auteurs. Faute de jouer le véritable rôle attendu d’eux, les parlementaires contribueraient ainsi à leur manière à calmer momentanément les souffrances de leurs concitoyens, pour leur faire oublier leur aspiration à un travail propre, un logement décent, une sécurité digne de ce nom, un respect enfin de leurs sincères préoccupations.
A l’heure où l’on parle abondamment de la réforme de la Constitution et du 3è mandat présidentiel, n’est-il pas mieux indiqué de chercher plutôt à s’occuper de choses plus saines, plus proches de la réalité aussi amère que préoccupante qui embarrasse les Algériens ? La précarité, le chômage, la cherté de la vie, l’insécurité généralisée, les dilapidations de deniers publics, les vols, le trabendo, etc. ne suffisent-ils pas à retenir valablement l’attention du Parlement pour qu’il se décide enfin à remplir une partie seulement de la mission pour laquelle il est si grassement rétribué ?