Le Courrier international s'est fait l'écho d'un article publié par son confrère Le Temps pour évoquer l'état infiniment déplorable qui est celui des Haïtiens, à une époque où, dans les pays riches, au-delà des gaspillages qui remplissent quotidiennement les poubelles, les animaux domestiques absorbent une part de plus en plus croissante des budgets familiaux.
En Haïti, hélas, faute de céréales, d'une meilleure gestion de l'aide humanitaire reçue et conséquemment aussi aux catastrophes naturelles comme les inondations, les êtres humains en sont réduits à manger de la terre. Mélangée à de l'eau, du sel et de la matière grasse végétale, on en tire une espèce de boue lisse que l'on sèche au soleil et que l'on découpe ensuite en rondelles que l'on avale trois fois par jour souvent, et ce, depuis quelques semaines déjà, précise l'article.
Dans ce pays, pourtant libre depuis la nuit des temps, l'on ne parle toujours que de pauvreté, et de la plus extrême, favorisée il est vrai par vingt facteurs tous discutables, voire irrecevables.
Certes, le renchérissement des denrées alimentaires y est pour grand chose dans la détérioration singulière des conditions de vie des Haïtiens ; certes, aussi, les Duvalier et leurs successeurs au pouvoir ont ratissé très large dans les ressources bien maigres du pays, et ce, depuis de longues décennies déjà ; mais, c'est bien le diable que les grands de ce monde aient laissé la situation se dégrader à ce point où s'oppose à la satiété et l'arrogance des pays riches l'extrême nudité de ces gens-là.
Avant de penser à l'au-delà, les roitelets arabes, en particulier, qui exhibent honteusement à longueur d'année leurs pétrodollars dans le lucre et la dépravation seraient bien inspirés de donner à manger à ces malheureux. "Les gens n'ont rien à foutre du paradis qu'ils rejoindront le ventre vide", pensait Boumediene d'eux qui préfèrent construire des mosquées au lieu de distribuer du pain.