Il faut croire que le trafic sous toutes ses formes est une invention spécifiquement algérienne, puisqu'il ne se passe jamais de jour où l'on ne découvre quelque coup foireux mis à profit souvent par des gens peu au fait des questions notamment bancaires pour enfreindre simplement la loi à défaut de ne pouvoir se remplir directement les poches.
Telle est la scabreuse affaire jugée à Oran, mardi dernier, et relatée dans un billet par le Quotidien d'Oran. Bien que ce dernier se soit mélangé les pédales dans la rédaction de son papier, il semble clair, dans cette affaire en tout cas, que des gérants privés de stations services Naftal, distributeur officiel et unique des carburants, aient noué des malversations coupables avec des employés de la BEA, préposés au traitement du courrier.
Pratique déjà usitée, ces derniers, pour rendre sans doute service, contre rémunération évidente, à leurs relations des stations services, trouvaient naturellement commode de bloquer les chèques à leur niveau - le procès évoqué par le journal parle de 364 chèques -, donnant ainsi une marge de temps aux débiteurs de Naftal de faire fructifier l'argent ainsi thésaurisé dans des opérations marginales de plus grand intérêt. Déjà, d'autres procès très bruyants ont révélé, notamment chez le fournisseur public de semoule, de farine et autres céréales très demandées sur le marché, l'usage d'un stratagème comparable mis au point dans le but évident de se servir de l'argent frais dû au fournisseur pour le faire tourner dans d'autres affaires plus juteuses.
Pourtant, la loi est très claire là-dessus qui définit la validité d'un chèque à un an et un jour, au lieu de 3 ans et un jour comme l'indique la règle internationalement admise. Mais les Algériens ne s'empêcheront jamais de contourner cette même loi si elle venait à rabaisser à trois ou même un mois seulement la validité d'un chèque. Il y a en eux une volonté innée et délibérée de chercher en toute occasion à tirer le meilleur profit de la moindre désorganisation même provisoire de l'Etat ou de ses rouages bancaires, la règle, comme dit Boukrouh, étant dans tous les cas de figure de faire preuve en toute circonstance de "chetara", autrement dit la débrouille[i], facteur en réalité de la ruine de l'économie nationale.