Le Monde | 29.05.2014
Un important trafic international de cocaïne colombienne, chapeauté par une famille installée en région parisienne qui alimentait de multiples réseaux en France et en Italie, a été démantelé et seize personnes ont été mises en examen.
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Nous avons mis fin aux agissements d'une entreprise familiale qui faisait entrer la cocaïne en France et la diffusait à travers différentes filières », a résumé Philippe Frizon, chef de l'antenne de police judiciaire de Nice. Une filière de revendeurs inondait la région parisienne, une autre la région marseillaise, deux étaient actives dans les Alpes-Maritimes, et une dernière opérait en Italie.
DU NARCO AUX PETITES « MULES »Une enquête de deux années, très axée sur les communications entre tous les intervenants, a permis de remonter les différents itinéraires de la drogue et d'identifier l'intégralité de la filière, du narco-trafiquant colombien aux petites « mules » des Alpes-Maritimes, a indiqué le commissaire Frizon.
Selon la police, le modus operandi était le suivant :
. La cocaïne arrivait à Roissy dans des vols en provenance essentiellement de Lima au Pérou, de Caracas au Venezuela et de Punta Cana, en République dominicaine.
. Avant le départ, des bagagistes remplaçaient une ou deux valises par des valises de 20 à 36 kilos remplies de cocaïne, qui étaient ensuite réceptionnées avant les douanes par d'autres bagagistes de Roissy.
. Les valises étaient ensuite récupérées par la famille installée dans le Val-de-Marne, au centre de ce trafic international.
Au total, 25 personnes avaient été initialement interpellées lors de deux opérations tenues jusqu'à présent secrètes, les 12 et 26 mai, dans de nombreuses villes du sud-est de la France et autour de Paris. Seize d'entre elles ont été mises en examen dans le cadre de cette enquête.
CANNES, COLOMBIE ET MARSEILLEParmi les personnes écrouées, se trouvent plusieurs membres de la famille du Val-de-Marne, dont un homme de 41 ans soupçonné d'être le chef du réseau. Deux représentants des Colombiens installés en région parisienne sont soupçonnés d'avoir fait passer l'argent en Colombie et ont été mis en examen. Parfois les cartels colombiens venaient toutefois directement récupérer des grosses sommes en France ou en Espagne.
Le trafic s'appuyait notamment sur un individu installé à Cannes et qui allait souvent en Amérique latine faire le lien avec les narco-trafiquants, négocier les prix et organiser les départs des valises. Les revendeurs du Sud envoyaient des transporteurs chercher la drogue à Paris, mais les Italiens venaient s'approvisionner directement à Paris.
Les policiers ont fait intercepter trois valises contenant 88 kg de cocaïne, mais ils estiment qu'environ 150 kg de stupéfiants ont, en deux ans, pu être importés en France puis écoulés dans les régions. Aucun bagagiste n'a été interpellé à l'aéroport de Roissy. L'enquête, chapeautée par la JIRS de Marseille, avait démarré au printemps 2012.
(http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/05/29/demantelement-d-un-trafic-de-cocaine-entre-la-colombie-et-la-france_4428374_3224.html#xtor=AL-32280515)