Tout le monde garde en mémoire la fiole d’un liquide soi-disant mortel que l’ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères avait arborée au Conseil de sécurité pour faire avaliser l’agression que la coalition formée autour de Bush se proposait de réaliser incessamment en Irak, pour punir précisément Saddam, accusé de fabriquer des armes de destruction massive. Y ayant lui-même cru, de "bonne" foi, semble-t-il, ce ministre a tiré par suite sa révérence, dès que les choses se sont clarifiées dans leur véritable sens.
Par contre, un vrai faussaire de l’équipe présidentielle américaine, Dick Cheney, est, lui, toujours en activité et continue même d’échapper, jusqu’ici, aux foudres de la justice, bien que l’étau se resserre désormais autour de lui.
Après Wolfowitz, dont les frasques à la Banque mondiale ont défrayé la chronique internationale, et l’ont poussé malgré lui vers la porte de sortie comme un malpropre, voici un second de ses proches collaborateurs, Lewis "Scooter" Libby, poursuivi pour faux témoignage et obstruction dans l’affaire de Valéry Plame.
On se souvient, à ce propos, du scandale provoqué par la déclaration tonitruante du mari de cette dame, diplomate en exercice, selon laquelle l’administration Bush avait exagéré la menace irakienne. Et c’est à la suite de cette sortie bien gênante que Libby, Cheney et consorts s’étaient précisément employés à démolir d’abord la carrière de Valéry, dont l’appartenance à la CIA, comme agent, est désormais rendue publique en violation de la loi, puis celle de son mari en essayant de lui coller toutes les tares imaginables. De tels racontars ayant été rendus publics par Libby, en particulier, sur ordre sans doute de Cheney, voire de Bush lui-même, il devient évident que la condamnation à deux ans et demi de prison et à 250 000 dollars d’amende portée contre Libby prélude peut-être à des poursuites qui atteindront cette fois Cheney lui-même. Et Ce ne serait que justice.