Le Point.fr - 15/04/2012
par Antoine Grenapin
Selon certains journaux russes, Moscou aurait installé des missiles portant jusqu'à 400 kilomètres, dans l'enclave de Kaliningrad.
L'armée russe aurait déployé des missiles sol-air mobiles S-400 à Kaliningrad, une enclave russe ouverte sur la mer Baltique, limitrophe de la Pologne et de la Lituanie. Le quotidien russe à grand tirage Izvetia a révélé l'information vendredi dernier, en s'appuyant sur les confidences anonymes de hauts-gradés de l'armée russe. Ces missiles défensifs, d'une portée pouvant atteindre les 400 kilomètres, sont destinés à détruire les cibles aériennes de tous types. Ils peuvent potentiellement atteindre une cible aérienne survolant le ciel de Varsovie, la capitale polonaise. Si le ministre russe de la Défense n'a pas confirmé l'information, les nouvelles tensions entre Moscou et Washington, ces derniers mois, accréditent l'hypothèse de l'installation de ces armes.
En novembre dernier, Dmitri Medvedev avait en effet menacé de déployer des missiles Iskander dans cette même zone. Une façon de faire pression sur les États-Unis et l'Otan, qui souhaitent poursuivre l'instauration d'un bouclier antimissile en Europe. L'idée, lancée au sommet de Lisbonne en 2010, vise à étendre la défense antimissile pour se protéger de pays menaçants comme l'Iran.
Peser face à l'Otan
"Si les autres mesures ne sont pas suffisantes, la Fédération de Russie déploiera dans l'ouest et dans le sud du pays des systèmes offensifs modernes, qui garantiront la destruction des installations européennes de la défense antimissile des États-Unis", avait alors alerté le président russe, dans une allocution télévisée. Plusieurs hauts gradés militaires, dont le vice-amiral de la Flotte de la Baltique, Viktor Chirkov, avaient évoqué en février dernier un possible déploiement à Kaliningrad en avril. Si la plupart des médias occidentaux se contentent de reprendre l'information d'Izvetia, certains médias estoniens et polonais l'ont confirmé.
L'annonce de l'installation de ces missiles a lieu moins d'un mois avant la cérémonie d'investiture de Vladimir Poutine, qui retrouvera alors sa place de président. L'actuel Premier ministre avait déjà refusé, en mars dernier, l'invitation à se rendre au prochain sommet de l'Otan, les 20 et 21 mai. Dans ce cadre, le déploiement militaire au bord de la mer Baltique "confère à Poutine des arguments supplémentaires pour peser face à l'Otan, mais aussi face à l'Union européenne", explique Hélène Blanc, évoquant les enjeux énergétiques, dont l'acheminement du gaz russe. Cette spécialiste de la Russie, auteur de Russia Blues (aux éditions Gingko), qui souligne la passivité des autorités européennes, estime que l'hypothèse du déploiement militaire à Kaliningrad est "à prendre au sérieux".
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