Le Point.fr - 14/03/2012
source : AFP
L'auteur, metteur en scène et directeur du théâtre du Rond-Point à Paris, Jean-Michel Ribes, a été agressé mardi soir à Nancy par deux hommes se réclamant de l'intégrisme catholique, qui lui ont jeté des excréments au visage, a indiqué mercredi la direction de l'opéra de la ville. Jean-Michel Ribes, qui avait accueilli en décembre au Rond-Point une pièce dénoncée par les traditionalistes, Golgota Picnic, n'a pas été blessé mais est "particulièrement choqué", indique dans un communiqué l'Opéra national de Lorraine, où est présenté cette semaine son spectacle René l'énervé.
"Mardi soir, à 20 h 30, devant l'opéra, place Stanislas, deux jeunes hommes ont surgi, m'ont pris mon chapeau et m'ont jeté une assiette remplie d'excréments et de tracts", a expliqué à l'AFP le metteur en scène. Les prospectus se réclamaient "de l'intégrisme catholique", a-t-il précisé. "Ce sont des fascistes déguisés en curés : à force d'entendre des propos de Guéant, de Hortefeux, toujours plus à droite, ça banalise un discours d'extrême droite", a estimé l'auteur, qui dit ne pas avoir "peur face à ces attaques ridicules".
"L'ordre moral revient"
"Dans René l'énervé, qui est une bouffonnerie, je ne condamne qu'une chose : la montée de l'extrême droite en France. Donc Golgota Picnic, René l'énervé, ces attaques, tout ça est lié", a expliqué M. Ribes. Jugeant cette agression "lamentable", le metteur en scène craint qu'elle ne "remette en question la liberté d'expression, qu'elle ne conduise à une autocensure des auteurs". "L'ordre moral revient", a-t-il encore déploré. Les auteurs n'ont pu être interpellés, mais l'agression s'est déroulée sous une caméra de surveillance. Jean-Michel Ribes a déposé plainte mercredi après-midi pour violences. "Je ne vais pas me laisser intimider", a-t-il assuré.
En décembre, Jean-Michel Ribes avait déjà fait l'objet de menaces lors des représentations au Rond-Point du spectacle Golgota Picnic de Rodrigo Garcia. De nombreuses manifestations s'étaient déroulées devant le théâtre pour protester contre cette pièce jugée "cathophobe" par les intégristes, notamment à l'appel de l'Institut Civitas. "Je suis totalement surpris par cet événement", a réagi Alain Escada, son secrétaire général, interrogé par l'AFP. "Civitas n'a jamais appelé à des pratiques agressives", a assuré Alain Escada. "M. Ribes l'a bien cherché, à cause du spectacle et de la façon dont il a systématiquement répondu avec mépris et arrogance à l'indignation des catholiques", a-t-il estimé.
"Je suis sceptique par rapport à la mention de ce prospectus se réclamant de l'intégrisme catholique. Il faudrait en savoir plus", a-t-il ajouté. Dans un communiqué, les président et directeur de l'Opéra national de Lorraine, Laurent Hénart, par ailleurs secrétaire général du Parti radical, et Laurent Spielmann, ont condamné "cette agression et cette tentative d'intimidation" qui "portent atteinte à la liberté d'expression et qui veulent remettre en cause le principe de laïcité d'un service public".
(http://www.lepoint.fr/societe/jean-michel-ribes-agresse-a-nancy-par-des-catholiques-integristes-14-03-2012-1441235_23.php)