Le Point.fr - 08/03/2012
par Jérôme Béglé
Les Immortels croyaient être portés au pinacle par le "Figaro", les voilà transformés en hommes (et femmes) sandwichs.
Ils n'en reviennent toujours pas. Sollicités pour un sujet sur le temps et l'immortalité, douze académiciens se sont laissé... immortaliser (justement) par le Figaro, jeudi. Ils imaginaient poser dans les colonnes du grand quotidien pour un sujet tout à leur gloire. Mais voilà, qu'ils se retrouvent affichés dans un supplément publicitaire consacré à... l'horlogerie ! Ainsi, en première page du cahier, on trouve l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing posant fièrement devant les ors de la République... et juste au-dessus d'une superbe montre dont le sous-titre précise "série limitée à 30 pièces".
La mise en page n'a pas du tout plu aux principaux intéressés. Une bonne partie de la traditionnelle séance du jeudi a été consacrée à ce crime de lèse-majesté, dénoncé avec véhémence par Michel Serre, et qui constitue en outre une entorse au règlement de l'Académie. Il est en effet interdit aux Immortels d'associer leur nom et leur image à une opération commerciale. À l'évidence, le journal a fait montre d'imprudence en rapprochant Immortels et garde-temps.
Course contre la montre
L'ironie du sort veut que parmi les impétrants figurent Hélène Carrère d'Encausse - secrétaire perpétuelle de l'Institution -, Valéry Giscard d'Estaing, Marc Fumaroli et Jean d'Ormesson, pourtant habitués aux faveurs du Figaro. La polémique est telle que pour remettre les pendules à l'heure, les femmes et hommes verts - de rage - ont exigé un droit de réponse cinglant qui devrait être publié dans l'édition de vendredi du quotidien. Il faut dire que Jean-Christophe Rufin face à la Tambour Americas's Cup de Vuitton, VGE côtoyant la J12 de Chanel, Jean d'Ormesson voisinant avec une dame de chez Longchamp ou Florence Delay le visage tourné vers le célèbre El Primero de Zenith, cela fait mauvais genre sous la Coupole.
Quant à la photo de Monseigneur Dagens, évêque d'Angoulême, posant sous une Vierge à l'enfant, gageons qu'elle n'aura pas l'heur de plaire au Vatican. Sortis furibards de leur conclave, les académiciens se sont lancés dans une course contre la montre afin de retrouver leur honneur perdu. "Nous n'en resterons pas là", lâche l'un d'eux. À suivre...
(http://www.lepoint.fr/medias/exclusif-drame-a-l-academie-francaise-08-03-2012-1439291_260.php)