LEMONDE.FR avec AFP | 23.02.12 |
La volonté de la Chine d'aider l'Europe à résoudre la crise de la dette pourrait être remise en question. Le ministère du commerce chinois a rapporté sur son site, jeudi 23 février, que le pays avait décidé de conditionner son aide à deux enquêtes lancées par l'Union européenne (UE).
L'UE a lancé le 21 décembre une première enquête antidumping sur les importations de certains aciers revêtus de matière organique venant de Chine, à laquelle est venue s'ajouter, mercredi, une enquête antisubvention sur les mêmes produits.
"UN MAUVAIS SIGNAL PROTECTIONNISTE"
Ces enquêtes font suite à la plainte d'Eurofer, qui représente plus de 70 % des producteurs européens des produits concernés, qui estime que ses concurrents chinois bénéficient de subventions sous forme d'exemptions de taxes et d'achats effectués par le gouvernement chinois au-dessus du prix du marché.
"Alors que l'économie mondiale n'est toujours pas sortie de la crise financière, que plusieurs pays européens sont enfoncés dans la crise de la dette souveraine, tous les pays devraient adopter une attitude coopérative, ouverte et tolérante pour surmonter ensemble cette crise", a estimé le ministère chinois sur son site.
Selon le ministère, "l'enquête antisubvention européenne envoie au monde extérieur un mauvais signal protectionniste qui jette non seulement une ombre sur le commerce régulier entre l'Europe et la Chine en matière d'acier, mais va nuire aux efforts conjoints sino-européens pour répondre à la crise" de la dette.
"VIF MÉCONTENTEMENT"
Les professionnels chinois du secteur ont quant à eux exprimé leur "vif mécontentement" face à ces enquêtes, rapporte encore le ministère, qui juge qu'elles "contreviennent aux règlements de l'OMC". Ce dernier indique qu'il suivra "avec grande attention le développement de cette affaire".
La Chine, qui dispose des plus grandes réserves de change du monde – 3 200 milliards de dollars à la fin de décembre –, a fait savoir à plusieurs reprises qu'elle pourrait en utiliser une partie pour participer au Fonds de secours européen. Selon des estimations d'experts européens non confirmées officiellement, la Chine détiendrait plus de 500 milliards de dollars de dette souveraine européenne.
De passage à Pékin à la fin d'octobre, le directeur du Fonds européen de stabilité financière, Klaus Regling, avait pour sa part indiqué que 40 % des obligations émises par le Fonds depuis janvier 2011 avaient été acquis par des pays asiatiques, refusant de donner la part de la Chine. De son côté, le Japon avait indiqué en détenir environ la moitié, soit 20 %.
(http://www.lemonde.fr/crise-financiere/article/2012/02/23/la-chine-aidera-l-europe-si-celle-ci-assouplit-ses-regles-antidumping_1647261_1581613.html)