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 Ils fuient Athènes, sa violence et sa misère

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Kurt




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Date d'inscription : 27/04/2010

Ils fuient Athènes, sa violence et sa misère Empty
MessageSujet: Ils fuient Athènes, sa violence et sa misère   Ils fuient Athènes, sa violence et sa misère EmptyDim 19 Fév - 20:36

JDD.fr - 19.02.2012
par Matthieu Pechberty, envoyé spécial à Athènes

Le nombre de pauvres explose, la consommation s’effondre, les Athéniens retournent vivre à la campagne, du jamais-vu depuis la dictature des colonels.

La place Omonia illustre la nouvelle Grèce, un pays plongé dans une dépression abyssale. Situé à deux pas de la place Syntagma et des quartiers huppés des ambassades, le lieu est devenu la cour des miracles grecque. Depuis quelques mois, les SDF et les mendiants s’y pressent. Un millier avant la crise, ils sont aujourd’hui entre 15.000 et 20.000 à travers le pays. À côté des immigrés afghans et arabes fuyant leur révolution, on dénombre de plus en plus de Grecs de souche. La crise a emporté les dernières pudeurs et traces de fierté. Ils sont de plus en plus nombreux à pousser les portes des associations et comités de quartier qui distribuent de la nourriture.

"On doit recommencer à collecter de la nourriture et des vêtements"

À Athènes, l’Église orthodoxe sert dans ses paroisses 3.000 repas par jour, dix fois plus qu’avant. Nikos Voutsinos, la soixantaine grisonnante, dirige Caritas. Il dit ne plus compter le nombre de personnes qui basculent dans la misère en quelques semaines. "Je connais une femme de ménage qui a perdu son travail car elle devenait trop chère pour ses employeurs. Le propriétaire de son appartement l’a chassée et elle s’est retrouvée à la rue." Il y a aussi cette dame de 64 ans qui vient le voir tous les jours pour récupérer ses tickets alimentaires. Elle les revend contre de l’argent pour payer son électricité. Elle compte survivre comme ça pendant un an, jusqu’à l’âge de la retraite. Débordé, Nikos Voutsinos dépend des bénévoles et des dons qui viennent désormais davantage des foyers modestes que des familles grecques plus fortunés.

À deux pas, dans le quartier cosmopolite de Psyrri, Médecins du monde croule sous les demandes de patients. Habituée à accueillir des réfugiés et des sans-papiers, l’organisation humanitaire reçoit maintenant entre 500 et 600 visiteurs par jour. "Les pauvres n’ont plus l’argent pour payer leurs médicaments et la Sécurité sociale n’a plus les moyens de les rembourser", soupire Spiros Kloudas, vice-président de l’association. En Grèce, l’hôpital ne parvient plus à jouer son rôle. Selon les chiffres de MDM, plus de la moitié des enfants entrés en consultation souffraient de malnutrition. "Il y a quelques années nous pensions que ce pays avait atteint un niveau tel que la famine ne pouvait plus jamais être considérée comme un problème social important, confie un responsable. Mais aujourd’hui, on doit recommencer à collecter de la nourriture et des vêtements."

"Je n’ai pas été payé depuis deux mois"

Les personnes âgées sont les plus touchées. Depuis l’automne, leurs retraites ont chuté jusqu’à 20%. Stefania, 30ans, en sait quelque chose. Rencontrée dans un comité de quartier de Keramikos, au pied de l’Acropole, elle sert des repas. Son père de 77 ans "puise dans ses économies pour payer ses médicaments car sa retraite ne suffit plus". Les jeunes, frappés par un taux de chômage qui frôle les 50%, ont perdu leurs repères. Même les plus diplômés peinent à trouver du travail. "Toutes les familles sont touchées. La bourgeoisie à laquelle j’appartiens n’est pas épargnée. Nos enfants subissent la crise de plein fouet", explique George, quinquagénaire aisé qui dirige un grand hôtel à Athènes.

Son fils Dimitris, 34 ans, est paysagiste dans une PME de 15 salariés : "Mon salaire a été divisé par deux et je n’ai pas été payé depuis deux mois." Sa compagne, Anna, est avocate à son compte mais ses clients ne règlent plus ses honoraires. Elle a pris un autre travail chez un armateur pour assurer un salaire. Ce jeune couple ne compte plus les amis partis à l’étranger pour trouver du travail. Ils vont à Londres, aux États-Unis et même jusqu’à Singapour. L’institut Goethe d’Athènes fait face cette année à une hausse de 70% des inscriptions à ses cours d’allemand. Beaucoup embarquent également pour l’Australie et le Canada, deux pays qui envoient des émissaires à Athènes pour chasser les ingénieurs et médecins.

Les urbains quittent les villes

La population redoute un exode massif comme celui des années 1950, après la guerre civile. La fuite ne concerne pas que les cerveaux. La crise a frappé la moitié du pays, Athènes et ses cinq millions d’habitants. Depuis quelques mois, la capitale se vide. On connaissait dans les pays pauvres les exodes ruraux. Voici qu’en Grèce les urbains quittent les villes. Beaucoup d’Athéniens retournent dans leur famille à la campagne. Ils seraient entre 50.000 et 200.000 à avoir quitté la capitale. Ils rejoignent le Péloponnèse et relancent le plus souvent la ferme familiale en produisant de l’huile d’olive, du fromage ou du poulet. Paradoxe de la crise, l’agriculture a créé 13.000 emplois en 2011. "Les Grecs sont flexibles. Leur structure familiale les aide à amortir les chocs économiques", tente de rassurer Jérôme Loubère, un entrepreneur français qui vit en Grèce depuis dix ans. Après la baisse du salaire minimum, une de ses salariées est repartie dans sa ville natale de Corinthe pour vivre aux côtés de sa famille.

Ceux qui restent sont en "résistance". La classe moyenne, qui a tiré l’économie pendant dix ans, s’effondre et entraîne le pays dans sa chute. La baisse des salaires et des retraites et la hausse des taxes ont stoppé net la consommation. Les Grecs achètent moins de nourriture, ont divisé par deux leurs dépenses non courantes et ont quasiment renoncé aux voitures. Surtaxée, l’essence a augmenté de 1 euro à 1,60 euro le litre. Bakos, chauffeur de taxi, n’a pas le choix. Il dépense 400 euros par mois d’essence et son salaire a diminué, passant de 1.300 euros à 700 euros. "Depuis la fin de l’année, je ne paie plus la Sécurité sociale et je ne rembourse plus mon prêt immobilier", explique-t-il.

Plus surprenant dans ce pays méditerranéen, les rues se désertent progressivement. Mardi dernier, jour de la Saint-Valentin, les boutiques du centre-ville d’Athènes étaient vides malgré les soldes. Le soir, les cafés et les restaurants peinaient à se remplir dans les rues du vieux quartier historique. Habitués à "vivre dans les rues", les Grecs ne sortent presque plus. Les tavernes et les "bouzoukis" (bars dansants) n’ouvrent plus qu’à partir du jeudi. Il suffit de s’attarder sur les visages des passants lorsqu’on les croise. Ils ne sourient plus.

(http://www.lejdd.fr/International/Europe/Actualite/Les-Atheniens-fuient-leur-ville-487858/?from=headlines)
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