Rue89 - 09/02/2012
par Pierre Haski | Cofondateur Rue89
La lettre des journalistes du Figaro vue sur TwitterLes journalistes du
Figaro se rebiffent. Ce n'est pas une rébellion, juste un avertissement à leur direction, après l'accumulation, depuis des mois, de «
motifs d'interrogation », «
ainsi que des manchettes à sens unique suscitant l'ironie dans les revues de presse ».
Réunis en assemblée générale, les journalistes demandent, dans leur texte, que le directeur de la rédaction, Étienne Mougeotte, veille :
«
à ce que les articles, mais aussi les titres et les manchettes, rendent compte de manière complète et pluraliste de l'actualité – de manière “honnête” pour reprendre une expression d'Étienne Mougeotte – sans occulter tel ou tel sujet au motif qu'il pourrait embarrasser l'actuelle majorité ».
Une réponse à la sortie d'Étienne Mougeotte, lors d'un précédent moment de tension à l'automne dernier :
«
On n'est pas là pour emmerder la droite. »
Les rédacteurs soulignent qu'ils n'ont nullement l'intention d'aller «
postuler ailleurs » pour se sentir «
à l'aise » dans leur profession, une allusion claire à un propos attribué à Étienne Mougeotte disant aux journalistes mécontents d'aller postuler «
à Libé »...
Le jour où le Fig mag fait un « coup »Cette prise de position en assemblée générale est un nouveau signe de tension en interne à la suite du caractère totalement engagé du
Figaro au profit du seul (bientôt) candidat Nicolas Sarkozy.
Le rôle d'Étienne Mougeotte, le directeur de la rédaction, qui est de notoriété publique un conseiller officieux de l'entourage présidentiel, la série de manchettes anti-Hollande de l'automne, ou encore les «
vœux » antisocialistes du propriétaire du journal, le sénateur UMP Serge Dassault, agacent depuis longtemps une partie de la rédaction.
Cette prise de position publique intervient le jour où le
Figaro magazine fait un «
coup » avec la quasi-déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy. Un beau coup journalistique, mais aussi très politique.
(http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/02/09/presidentielle-les-journalistes-du-figaro-reclament-plus-d-honnetete)