TSA - 12.01.2012
par Thara Elhani
En matière de prise en charge des patients algériens par les hôpitaux français, il semble bien qu’il y ait deux poids, deux mesures. C’est un secret de Polichinelle, ces dernières années, et encore il y a quelques jours, plusieurs hauts responsables algériens ont été soignés en France. Or, on le sait, et la question revient avec acuité sur le devant de la scène avec la situation du petit Manil (lire), la France n’accepte plus les prises en charge de la CNAS tant que celle‑ci n’aura pas apuré sa dette, dont le montant fluctue selon les sources, de 20 millions d’euros selon la CNAS à 600 millions selon un chiffre avancé ce jeudi 2 janvier par la radio Europe 1.
Pourtant, la prise en charge de certains responsables de l’État a été acceptée sans problème par la France. Comment leurs soins ont‑ils donc été financés ? Dans l’hypothèse qu’ils l’aient été par la CNAS, pourquoi l’arrangement a‑t‑il été accepté pour eux par les hôpitaux français, mais pas pour des malades plus modestes ? Autre hypothèse : le financement des opérations et suivis médicaux de ces bien‑nés ne relève pas de la CNAS.
C’est, là encore, un secret de Polichinelle que ces personnes aient bénéficié d’un autre budget, occulte celui‑là, prélevé probablement sur les fonds spéciaux de la présidence de la République. À la fin des années quatre‑vingt‑dix, la réserve globale de cette caisse noire était estimée à quelque 5 millions d’euros. Autant dire, une grosse décennie plus tard, qu’elle a certainement fortement augmentée et contribue toujours à pallier les manquements de l’assurance maladie algérienne quand il s’agit de faire soigner des personnes puissantes ou ayant de solides relations.
La CNAS assure aujourd’hui que le petit Manil va très prochainement bénéficier de l’opération que son état de santé nécessite. À la charge de la CNAS, cette fois‑ci, qui semble se décider à faire une exception pour sauver un enfant.