Kim Philby, un fascinant espion célébré par l'écrivain Robert Litell

Marianne2.fr - 12.12.2011
par Anne Dastakian

Près de cinquante ans après sa tonitruante défection vers Moscou, et vingt ans après l’implosion de l’URSS, le célébrissime espion britannique Kim Philby fait un retour remarqué, dans le palpitant roman que lui consacre l’écrivain américain Robert Litell.

Au moment même où les pâles héritiers du KGB font tristement l’actualité en Russie, tentant par tous les moyens de faire taire ceux qui s’opposent au trucage des urnes, on ne saurait que trop conseiller la lecture de Philby. De quoi se remémorer l’histoire récente de ce grand pays, et ses rapports difficiles avec l’Occident...

Certes, Philby est un ouvrage de fiction. Mais il s’appuie sur les très solides connaissances de l’auteur, fine plume et grand expert sur les services secrets au temps de la guerre froide – Litell est l’auteur du livre de référence La Compagnie, sur la CIA (Livre de Poche, 2004). « Mon livre propose une vue de Philby qui s’écarte de l’habituelle », explique Robert Litell, rappelant le passage à l’Est de l’agent double, en 1963, qui fit l’effet d’une bombe atomique dans les services secrets britanniques, mais aussi dans l’opinion en Occident.

« Peu de gens, poursuit Litell, connaissent le début de son histoire ». Tout frais diplômé de Cambridge, Philby se rend à à Vienne où il assiste et participe à l’insurrection ouvrière de février 1934, durement réprimée par le Chancelier Dollfuss, avant d’être recruté par un agent du NKVD sur un banc de Regents Park. Un agent recruteur qui sera ensuite rappelé à Moscou, accusé d’être un agent allemand puis exécuté. Tout comme la fringante agente chargée de lui tirer les vers du nez, après une impressionnante scène de maïeutique cannibale, menée par Staline et Beria.

Litell nous présente un jeune homme engagé mais bégayant, idéaliste et résolument antifasciste, séduit par Moscou avant que le régime stalinien atteigne le pic de sa fureur destructrice. Recruté par son implacable main armée, le NKVD, Philby aura rapidement quelques doutes sur cette organisation. Cela le poussera-t-il, pour autant, à retourner sa veste ? Mystère…

Philby, portrait de l’espion en jeune homme, de Robert Litell, Ed. Backerstreet, 325 p., 21 euros


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