Le Soir d'Algérie - 5.12.2011
Les Français ayant participé à la révolution algérienne ont droit à un double mérite, estime le chercheur en histoire, Amar Belkhoudja. Pour lui, l’Algérie a une responsabilité dans la préservation de la mémoire de ces hommes et ces femmes qui ont combattu aux côtés des Algériens.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Hier, au lycée Frantz-Fanon de Bab El-Oued (Alger), Amar Belkhoudja a plaidé pour la protection de la mémoire des Français ayant participé à la révolution algérienne. « Il faut lutter contre l’oubli de ces hommes et femmes et prendre en charge ce patrimoine », a-t-il dit.
Intervenant à l’occasion du 50e anniversaire de la disparition de Frantz Fanon, le chercheur a souligné que Fanon était un élément « indissociable » de la patrie algérienne. « Il était entièrement intégré car il partageait dès le début l’enthousiasme de combattre aux côtés des Algériens contre le phénomène du colonialisme. Les Algériens l’ont vite adopté. Ils l’appelaient notre frère Fanon ou l’Algérien Fanon », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « C’était un intellectuel, médecin psychiatre doublé d’un diplôme en psychologie, théoricien, écrivain et journaliste, homme politique et humaniste qui luttait contre le comportement raciste et militait contre le colonialisme. C’était un grand militant du tiers monde. »
D’ailleurs, poursuit-il, « sa pensée a eu beaucoup d’influence sur les responsables algériens de l’époque ».
Combattant pour l’indépendance de l’Algérie, le brillant psychiatre rêvait également de l’unité du continent africain. « C’était l’un des précurseurs de l’unité des Africains », précise Amar Belkhoudja. Le conférencier décrit Frantz Fanon comme un homme qui dérangeait les systèmes qui s’opposent à l’émancipation des peuples. « Il militait pour détruire tous les préjugés. »
Né en 1925 en Martinique, dans les Antilles, Frantz Fanon, atteint d’une leucémie, avait rallié Moscou pour des soins. Transféré aux États-Unis d’Amérique, il meurt le 6 décembre 1961. Il avait laissé un « testament politique », celui d’être inhumé en terre algérienne. « Son cercueil a été transféré des États-Unis d’Amérique vers la Tunisie. Son corps a été confié à 15 djounoud, dont un commandant de l’ALN, pour le faire rapatrier clandestinement et l’inhumer dans le cimetière des martyrs à Aïn-Kerma aux frontières tunisiennes », a encore ajouté Amar Belkhoudja.
(http://www.lesoirdalgerie.com/pdf/2011/12/05122011.pdf)