Dans son ouvrage « La faim, la bagnole, le blé et nous », le journaliste Fabrice Nicolino accuse l’agriculture productiviste de favoriser le développement de carburants bio considérés comme « nullement écologiques ».
Une spécialiste de ces questions, Louise Allavoine, l’interroge, pour le magazine Terra economica publié cette semaine, à l’effet de savoir pourquoi de tels carburants sont-ils en vérité plus nocifs encore que le pétrole.
D’abord, Nicolino note que « pour produire massivement, on a en effet relancé la machine à engrais et à pesticides. On consomme des énergies fossiles pour le transport. On détruit les forêts tropicales pour libérer des terres cultivables. Alors oui, les biocarburants ont un bilan écologique désastreux ! »
Ensuite, il estime que les biocarburants, en France notamment, en servant de nouveaux débouchés, profitent directement à l’agriculture industrielle. Un lobby s’est créé, selon lui, dès la fin des années 80 avec le gel des terres, par l’U.E., qui a ouvert la voie à des subventions de l’Etat et à des exonérations fiscales. Le résultat est là qu’on a cru avoir trouvé le succédané du pétrole, sans même s’être donné la peine d’étudier dans le fond la question au plan écologique, poursuit-il, avant de regretter que la suspension, pour la campagne 2008, de la mise en jachère, par la Commission européenne, renvoie à l’usage d’engrais et de pesticides nuisibles à l’environnement.
Enfin, à propos des biocarburants de seconde génération, dont l’arrivée est prévue à partir de 2015, le journaliste considère qu’ils sont pour l’instant au stade expérimental et que rien n’assure jusqu’ici qu’ils se démarquent de leurs aînés de la première génération.
Pour notre part, nous ferons remarquer à Nicolino qu’à défaut de ces engrais et de ces pesticides dont il décrie l'usage, mais grâce auxquels la production mondiale arrive tant bien que mal à satisfaire les besoins des peuples, quels ersatz peut-il à la limite conseiller pour préserver, à défaut d’accroître, le niveau de cultures actuellement atteint à des fins alimentaires de l’homme ?