Le Figaro - 18.08.2011
par Thomas Vampouille
Alors que 200 tonnes de pétrole se sont déjà répandues au large de l'Écosse après une première fuite la semaine dernière, la compagnie fait face à de grosses difficultés techniques pour venir à bout d'une seconde brèche.
C'est déjà la pire fuite de pétrole qu'aient connues les eaux britanniques depuis l'an 2000. L'oléoduc d'une plate-forme de Shell a laissé la semaine dernière échapper plus de 200 tonnes d'or noir (1300 barils) en mer du Nord, au large des côtes écossaises. La fuite principale a été stoppée, assure la compagnie anglo-néerlandaise, mais un épanchement résiduel continue de déverser dans l'eau environ un baril par jour.
Les quantités en jeu autour de ce gisement de Gannet, situé à 180 kilomètres à l'est d'Aberdeen en Écosse, sont loin d'être comparables aux 5 millions de barils que l'explosion d'un puits de BP avait fait échapper l'an dernier dans le golfe du Mexique. Reste que l'incident, dont la cause n'a pas encore été déterminée, est qualifié d'« important » par Shell. Pour y mettre fin, la compagnie doit stopper la seconde fuite, plus petite que la première mais qui pose des difficultés techniques plus importantes. « C'est un défi d'accéder à des fonds marins relativement denses », a reconnu le directeur technique des activités d'exploration-prodution de Shell en Europe, Glen Cayley. La compagnie tente néanmoins de se montrer rassurante, en expliquant que la quantité de pétrole qui peut potentiellement s'échapper est limitée. Dans le pire des scénarios, cela constitue tout de même encore 660 tonnes de pétrole, soit quatre fois plus que ce qui s'est déjà répandu.
Un nouveau coup pour l'image de Shell
La nappe de pétrole qui s'est formée à la surface de la mer du Nord, atteignant jusqu'à 30 kilomètres de longueur, devrait se disperser sous l'action des vagues sans polluer les côtes écossaises, estime le gouvernement britannique. Mais les associations écologistes craignent des conséquences sur la vie marine dans la zone. Surtout, elles dénoncent le manque de transparence de la compagnie pétrolière. Shell n'a en effet révélé au public la fuite que deux jours après qu'elle a débuté, même si le gouvernement assure avoir été prévenu immédiatement.
Quoi qu'il en soit, l'incident confirme la triste première place de la compagnie anglo-néerlandaise dans le palmarès des fuites en mer du Nord, révélée par le Guardian en juillet. Déjà dans la ligne de mire des écologistes qui l'accusent de pollutions massives dans le delta du Niger, l'image de Shell souffre par ailleurs, comme toutes ses concurrentes, du souvenir de la catastrophe du golfe du Mexique. Elle qui bataille pour développer des gisements en Alaska, région de nature préservée, a toujours assuré être à l'abri de ce type d'accident majeur. Ironie du sort, son directeur général, Peter Voser, en voulait pour preuve en février dernier que Shell « applique à tous ses gisements dans le monde les meilleurs standards (de sécurité), ceux de la mer du Nord ».
(http://www.lefigaro.fr/international/2011/08/18/01003-20110818ARTFIG00415-shell-peine-a-colmater-une-fuite-de-petrole-en-mer-du-nord.php)