L'écrivain et scénariste espagnol Jorge Semprun s'en est allé. Il avait 87 ans.
Ce fils de gouverneur civil de Tolède et Santander, mais républicain, a été élevé dans une famille de la haute bourgeoisie espagnole, avant de s’exiler en France avec sa famille après la guerre civile qui avait secoué son pays de 1936 à 1939, et c'est à son domicile de Paris qu'il s'est éteint. Il était surtout un polyglotte accompli. En sus du français, choisi comme langue maternelle, et de l'espagnol, sa langue nationale, Semprun maîtrisait aussi l'anglais, l'italien et l'allemand.
L'ancien résistant, déporté à Buchenwall, devenu ministre de la Culture entre 1990 et 1991, membre de l'Académie Goncourt, est l'auteur d'un livre particulièrement remarquable : "
L'écriture ou la vie". Il a écrit aussi des récits autobiographiques et de nombreux romans. En particulier, «
La deuxième mort de Ramon Mercader » a obtenu en 1969 le prix Femina.
Adaptateur et dialoguiste des films «
Z » (1969) et «
L’aveu » (1970), il est alors le complice au cinéma d’Yves Montand et du réalisateur Costa-Gavras. Semprun est notamment l’auteur du «
Grand voyage » (1963, récit d’une déportation), de «
Netchaïev est de retour » (1991), «
Adieu, vive clarté » (1998, bilan de sa vie), et de «
L’homme européen » (2005) avec Dominique de Villepin, alors ministre de l’Intérieur. Il s’est surtout attaché à un travail de mémoire et à la dénonciation de la guerre, en particulier des camps de concentration. En 1988, Jorge Semprun est nommé ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste espagnol de Felipe Gonzalez, qu’il quittera en 1991. En 1996, il est élu à l’Académie Goncourt.
(avec libération.fr)