Une trentaine de civils et 20 policiers ont été abattus, ces derniers jours, par des tirs de l'OTAN dans la région d'Helmand et au Nouristan, en Afghanistan.
Selon le communiqué du gouverneur d'Helmand, rapporté par l'AFP, deux habitations ont été touchées par des hélicoptères. On y déplore la mort de 7 garçons, 5 filles et 2 femmes. Cet incident, qualifié de "grave erreur" par le président Karzaï a donné lieu, de la part de ce dernier, à "un dernier avertissement aux troupes et aux responsables américains" desquels il exige de cesser leurs opérations "unilatérales", allusion sans doute au manque de concertation avec le gouvernement légal préalablement à toute initiative de l'OTAN au plan militaire.
À Lashkar Gah, capitale du Helmand, un chef tribal de Nawzad, a affirmé, de son côté, que douze membres de sa famille avaient péri dans cette frappe, et dix autres blessés, dont des enfants.
Jamalddin Badar, gouverneur du Nouristan, province montagneuse du nord-est, déclare, lui, que 18 civils et 20 policiers ont été tués dans sa région par une frappe de l'OTAN le 25 mai, pour empêcher les talibans de s'emparer d'un district. "Les policiers ont été touchés par des tirs fratricides", a-t-il indiqué; par contre, "les civils visés avaient été confondus avec les talibans, vêtus comme eux et qui, à court de munitions, se sont réfugiés dans des habitations", a-t-il ajouté.
Dans les deux cas, l'ISAF a annoncé l'envoi d'enquêteurs sur place, assurant que leurs conclusions seront rendues publiques, tout en excluant a priori l'existence de pertes civiles dans le Nouristan. "Les premières informations dont nous disposons ne font pas état de pertes civiles dues à notre frappe".
Cette nième bavure des forces de la coalition apporte une fois de plus la preuve que, loin de contrôler la situation en Afghanistan, elles perdent pied, malgré une expérience touchant bientôt une décennie. Plus gravement encore, elles ont réussi la prouesse, par leur aveuglement évident, de rapprocher plus que jamais le peuple afghan de ses ennemis d'hier, les talibans.