Le Point.fr - 25/05/2011
La ministre de l'Économie a confirmé mercredi matin qu'elle postulait au remplacement de DSK. Elle n'est pas seule en lice.Cette fois, c'est officiel. Christine Lagarde a annoncé, ce mercredi, sa candidature à la direction générale du Fonds monétaire international lors d'une conférence de presse au ministère de l'Économie. "
J'ai décidé de présenter ma candidature à la direction générale du Fonds monétaire international", a-t-elle affirmé d'entrée de jeu. "
Cette décision, je l'ai prise après mûre réflexion et en accord avec le président de la République et le Premier ministre, qui me soutiennent totalement dans cette démarche", a-t-elle ajouté, assurant vouloir "
recueillir le plus large consensus".
Cette candidature ne faisait plus beaucoup de doute depuis plusieurs jours. Ce matin même, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, affirmait que "
la France soutiendrait" Christine Lagarde si elle était candidate. Également soutenue par l'Union européenne, Christine Lagarde postule donc au remplacement de Dominique Strauss-Kahn, inculpé pour tentative de viol à New York. Christine Lagarde a dit son souhait d'exercer un mandat plein de cinq ans à la tête de l'institution si elle était élue. "
Il faut que le temps soit donné à celui ou celle qui va prendre la direction de l'institution", a expliqué la ministre de l'Économie. "
Donc, pour faire très simple, ça n'est pas pour les 18 mois qui restent, mais je crois plutôt pour une période d'au maximum cinq ans, telle que déterminée par le conseil d'administration" du FMI, a-t-elle ajouté.
Les pays émergents donnent de la voixReste que la locataire de Bercy n'est pas seule en lice. Plusieurs pays émergents souhaitent rompre avec la tradition selon laquelle le poste de directeur général du FMI revient à un Européen. Selon eux, celui-ci devrait être attribué en fonction des qualités des candidats, et non de leur nationalité. Dans le premier communiqué conjoint diffusé à ce sujet par leurs représentants au FMI, les pays regroupés au sein du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) réclament d'"
abandonner cette règle obsolète et non écrite selon laquelle le chef du FMI doit être européen".
La volonté de changement des pays émergents risque toutefois de se heurter à leur incapacité à s'entendre sur un candidat commun, à la différence des Européens. Agustin Carstens, gouverneur de la Banque centrale du Mexique, affirme que plusieurs pays ont accueilli favorablement sa candidature, tandis que l'Afrique du Sud et le Kazakhstan, soutenu par la Russie, pourraient présenter leurs propres candidats. Le FMI doit établir une liste finale de trois candidats, puis désigner son prochain directeur général d'ici le 30 juin.
La menace de l'affaire TapieDepuis la démission de Dominique Strauss-Kahn, les Européens ont clairement fait savoir qu'ils entendaient conserver ce poste à un moment où le FMI est fortement impliqué dans les efforts de règlement de la crise de la dette dans la zone euro. Selon certaines sources à Washington, les États-Unis vont soutenir la candidature européenne et préserver ainsi une tradition qui leur permet de diriger la Banque mondiale. Ensemble, les États-Unis et les pays européens peuvent imposer leur choix au FMI, mais le soutien de quelques pays émergents permettrait d'éviter une polémique sur la désignation du futur patron du Fonds.
Une menace pèse toutefois sur la candidature de Christine Lagarde. La ministre française de l'Économie pourrait devoir faire face à une enquête judiciaire pour son rôle dans un arbitrage rendu en faveur de l'homme d'affaires Bernard Tapie au sujet des conditions de la revente d'Adidas en 1993. La commission des requêtes de la Cour de justice de la République pourrait rendre une décision à ce sujet le 10 juin, jour de clôture des candidatures au FMI. Mais mercredi Christine Lagarde l'a assuré : elle a la "
conscience parfaitement tranquille" sur ce dossier et "
maintiendra" sa candidature en cas d'enquête.