À dix mois des législatives, le Parti socialiste, PSOE, de José Luis Zapatero, a essuyé hier une grosse dégelée aux élections locales et régionales, perdant presque 10 points par rapport à son principal concurrent, le Parti populaire, conservateur.
Le parti au pouvoir n'a pu collecter que 27,81 % des voix contre 37,58 % pour le P.P., d'après des résultats quasiment définitifs.
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Je sais que beaucoup d'Espagnols souffrent de graves difficultés (...) et que beaucoup de jeunes envisagent leur avenir avec inquiétude. Aujourd'hui, ils ont exprimé leur malaise", a déclaré le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero. "
Il était raisonnable de penser que le Parti socialiste allait subir un châtiment par les urnes, nous l'assumons et le comprenons", a-t-il ajouté.
Il faut dire que ces élections se sont déroulées à un moment fort où la contestation populaire a pris la forme d'une occupation permanente des places publiques à travers tout le pays par des dizaines de milliers de manifestants dénonçant le chômage et la précarité.
Ce mouvement spontané, se disant apolitique, entend surtout dénoncer l'injustice sociale, les dérives du capitalisme, la "
corruption des hommes politiques".
L'Espagne est en effet le pays d'Europe qui souffre le plus de la crise économique puisqu'il enregistre un taux record de plus de 21 % de chômeurs touchant près de la moitié des moins de 25 ans.
La situation sociale y est d'autant plus fragile et gravement préoccupante que le gouvernement n'a même pas pu faire évacuer les places publiques occupées en infraction complète de la loi qui interdit tout rassemblement 48 heures avant le scrutin.
À cause des sièges perdus dans divers fiefs qu'ils contrôlaient parfois depuis des décennies, les socialistes ne disposent plus que de l'Andalousie où ils conservent la majorité, laissant au P.P. Madrid et Valence, la troisième ville du pays, Barcelone, la deuxième ville ayant été conquise par la coalition nationaliste conservatrice Convergencia i Unio (CiU).
avec Le Monde.fr