La veuve Pinochet et ses cinq enfants ont été arrêtés avant-hier soir, puis libérés ce matin, après avoir passé deux nuits en prison.
Poursuivis pour détournements de fonds publics, à hauteur de 27 millions de dollars, les Pinochet vont certainement devoir s'en expliquer en séance publique devant le peuple chilien.
Mais il y avait aussi 17 autres inculpés, parmi les collaborateurs directs de feu l'ancien général dictateur, qui doivent répondre du même crime.
Les fonds subtilisés aux contribuables ont été déposés dans une centaines de comptes secrets aux USA et ailleurs. Et c'est une enquête du Sénat américain qui a révélé l'existence de ces comptes, au sein notamment de la banque Riggs de Washington, et ce, sans même se poser la moindre interrogation.
La moralité de cette histoire n'est pas à rechercher, en effet, dans la découverte de ces détournements, qui restent généralement la plaie de tous les régimes dictatoriaux d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. C'est à Washington, plutôt, qu'il eût été plus indiqué, pour le Sénat, de demander des comptes, le Pentagone, en son temps, ayant d'autorité décidé du jour au lendemain de l'élimination physique d'un dirigeant chilien de renom, Allende, pour lui substituer une ordure de l'espèce Pinochet, dont le monde entier n'a pas tardé à connaître la nature de toutes les exactions immondes perpétrées contre son peuple. Par rapport notamment aux exécutions sommaires commises sous les ordres ou le contrôle de la CIA, par la clique Pinochet, contre de vrais patriotes chiliens, on peut considérer comme de simples peccadilles ces détournements de fonds.