Pour avoir émis des critiques à l'endroit des services de sécurité et dénoncé la corruption d'un proche du roi, Rachid Nini, le directeur du journal arabophone "El-Massaa" de Casablanca a été arrêté depuis jeudi, indiquent les médias, citant des sources judiciaires.
"M. Nini a été placé en garde à vue depuis jeudi et cette messure a été renouvelée pour les besoins de l'enquête", est-il indiqué au niveau de la justice.
Selon l'agence MAP, le parquet a instruit la police judiciaire à l'effet d'enquêter à propos des écrits de l'inculpé qui critiquent "la marche des services de sécurité et accusent certaines personnalités publiques de violer la loi à l'occasion de leur traitement" notamment dans la lutte antiterroriste.
Le Syndicat national de la presse marocaine et la Fédération marocaine des éditeurs de journaux ont aussitôt dénoncé cette arrestation. Reporters sans frontières a condamné le placement en garde à vue de Nini et demandé sa libération immédiate.
Pour les journalistes d'El-Massaa, Nini est poursuivi pour avoir dénoncé "la corruption" et "mis en cause Ali Fouad el Himma", un proche de sa majesté, qui a fondé le Parti authencité et modernité (PAM) et "publié des informations" sur un responsable sécuritaire.
El-Massaa est enfin un journal fort bien lancé, apparemment, puisqu'il tire à plus de 110 000 exemplaires, indique l'Organisme de justification de la diffusion (OJD, Maroc).
À travers une telle arrestation, on ne peut s'empêcher enfin de mesurer à sa juste valeur la véritable intention de démocratisation du pouvoir marocain, qui promet des réformes, d'un côté, comprenant notamment les libertés publiques, et agit aussitôt à contre-courant, de l'autre. Cela démontre, une fois de plus il est vrai, que les droits ne s'octroient pas, notamment sous les cieux arabes, mais s'arrachent.