Réuni hier soir pour examiner la question de la violence exercée par l'armée syrienne contre les manifestants pour la démocratie, le Conseil de sécurité n'a pas réussi à s'accorder sur une résolution condamnant le régime de Damas. À la différence de Kadhafi, Bachar el-Assad semble disposer des faveurs de Moscou et de Pékin.
Le projet préparé par la France, le Royaume Uni, le Portugal et l'Allemagne s'est, en effet, heurté au véto de ces deux capitales qui estiment que la question relève des affaires intérieures des États. Une telle position, qui n'est pas sans rappeler le manque d'intérêt des régimes russe et chinois pour les droits de l'homme, à fait dire à un représentant de l'ONU : "Leur tolérance à l'égard des initiatives européennes et américaines pour protéger des civils au Moyen-Orient semble épuisée."
Même le Liban, qui est membre non permanent du Conseil, s'est déclaré opposé à une résolution du type proposé.
Répliquant à Ban Ki Moon, secrétaire général de l'ONU, qui a souhaité l'ouverture d'une enquête indépendante pour situer les responsabilités dans les tueries, le représentant de Damas a utilisé un faux-fuyant pour justifier ces dernières : "Nous regrettons ce qui se passe, mais vous devez convenir que ces troubles et ces émeutes, dans certains de leurs aspects, masquent des intentions cachées".
Les 27 États européens envisagent de se réunir à Bruxelles pour étudier, de leur côté, les possibles sanctions à adopter contre le régime d'Assad. En parallèle, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU examinera également la question de ces violences excessives et inacceptables dans une session spéciale demandée par les USA.
Pendant ce temps, la colère gagne le parti Baas au pouvoir en Syrie, où 200 membres ont démissionné hier à Deraa, pour protester contre la répression sauvage, ainsi que les rangs de l'armée. Cette dernière, désormais divisée parce que composée pour l'essentiel de sunnites mais commandée par des alaouites, une tendance du chiisme à laquelle appartient Assad, déclare réprouver les tueries. Et la brutalité particulière de celles exercées lundi dernier à Deraa s'explique justement par la présence, aux commandes de la 4è division blindée dépêchée sur place, du général Maher Assad, le frère du chef de l'État.
avec l'AFP et Le Monde.