Le Point.fr - Publié le 20/04/2011
Source AFP
Selon certaines études, le risque de contracter cette maladie respiratoire doublerait en cas de surcharge pondérale.
L'asthme et l'obésité, deux affections qui ont énormément progressé dans le monde au cours des vingt dernières années, ont des liens, les obèses ayant plus de risques d'être asthmatiques et l'asthme diminuant nettement quand ils maigrissent. "La prise pondérale est clairement associée avec la montée de l'asthme", a souligné le professeur Alain Didier, pneumologue-allergologue et chef du service de pneumologie du CHU de Toulouse, devant le 6e Congrès francophone d'allergologie, à Paris.
Il cite plusieurs études établissant la relation entre l'asthme et l'obésité. Une méta-analyse de sept études met en évidence une augmentation de 50 % de l'asthme chez les sujets en surpoids ou obèses. Par ailleurs, dans une cohorte de près de 5 000 sujets, il y avait 11,9 % d'asthmatiques chez les obèses et 6,1 % chez les gens de poids normal. Plus probant encore, selon une autre étude de 1999, conduite auprès de quelque 86 000 infirmières suivies pendant 4 ans, une prise de poids supérieure à 25 kilos après l'âge de 18 ans était associée à un risque près de cinq fois supérieur de voir apparaître de l'asthme.
Quatre millions d'asthmatiques en France
D'autres études encore montrent que le risque relatif d'avoir de l'asthme est doublé chez les personnes obèses, avec une augmentation du risque de 1,17 avec une hausse de poids de 5 kilos, et de 2,1 avec une hausse de poids de plus de 20 kilos. En outre, "le fait d'être en surpoids rend plus difficile de contrôler l'asthme et de le faire passer à un stade acceptable", indique le professeur Didier. À l'inverse, des études ont établi une amélioration de l'asthme chez l'obèse qui maigrit.
Les causes de ces liens entre asthme et obésité ne sont pas clairement établies. Parmi les hypothèses : des facteurs génétiques communs, des facteurs mécaniques, l'influence sur l'inflammation d'un régime riche en certains acides gras, la sécrétion de médiateurs de l'inflammation, la modification des débits pulmonaires... De ce fait, "prendre en charge l'obésité pourrait être un moyen de contrôler la maladie respiratoire", estime le pneumologue. Il note que les liens, supposés, entre asthme et alimentation ne sont pas à ce jour clairement établis. Une étude envisage un rôle protecteur du zinc et de la consommation régulière de fruits et légumes. Le nombre d'asthmatiques est estimé en France à plus de 4 millions, soit 6,7 % de la population et 9 % des enfants. Une cause allergique est retrouvée chez 70 à 80 % des adultes asthmatiques et chez 95 % des enfants.