Le FLN, depuis surtout qu'il a été placé, sur injonction de Bouteflika, sous la coupe d'Abdelaziz Belkhadem, ministre d'État, donne l'image d'un parti totalement en déshérence. Depuis toujours désorganisé et vidé de sa substance, il paraît maintenant livré à lui-même et n'a de vie qu'à l'approche des grandes échéances électorales. C'est l'occasion où les affrontements musclés entre militants quels que soient leurs rangs remplacent alors les joutes oratoires si chères à nombre de nouveaux venus, appâtés pour la plupart par les affaires, la distribution des postes, des prébendes, des privilèges, etc.
Mais, en se heurtant cette fois à d'anciens combattants de la guerre de libération qui ont eu naguère déjà fort à faire dans les maquis contre des responsables indisciplinés ou incompétents, Belkhadem, l'ancien instituteur propulsé au rang de président de l'Assemblée nationale sous Chadli, puis de Premier ministre et enfin de ministre d'État sous le régime en place, a vraiment du souci à se faire.
Car, un Salah Goudjil, par exemple, n'a rien de la piétaille. Cet ancien officier de l'ALN a lui aussi été wali puis ministre et n'est pas homme à s'en laisser conter. Il l'a déjà prouvé d'ailleurs en réagissant vivement en des termes suffisamment clairs, lors du 9è congrès dernier, pour stigmatiser les errements de Belkhadem. Poursuivant sur sa lancée, il annonce aujourd'hui que, comme membre fondateur du Mouvement de redressement et d’authentification (MRA) du FLN, il a instruit avec ses camarades 17 avocats à l'effet d'engager une procédure judiciaire contre Belkhadem, pour "faux et usage de faux". « La plainte sera déposée dans les prochaines semaines au niveau de la justice. Elle est appuyée de tous les arguments et autres preuves des actes illégaux ayant permis à Abdelaziz Belkhadem de s’accaparer du poste de secrétaire général du FLN », a-t-il indiqué au micro de TSA, lors d'une réunion de son mouvement tenue hier à Annaba.
À l'évidence, les semaines qui suivent montreront si cette plainte pourra vraiment être instruite contre un ministre en exercice, responsable de plus du FLN, le parti au pouvoir que l'on dit présidé officieusement par Bouteflika. Mais rien n'est moins sûr, hélas, dans un pays où tout va à vau-l'eau.