Élections présidentielles au Nigéria

73 millions d'électeurs ont été appelés aux urnes aujourd'hui au Nigéria, pays le plus peuplé d'Afrique et premier producteur de pétrole du continent, pour désigner leur président de la République.

Apparemment, le président sortant Goodluck Jonathan, chrétien du delta du Niger, le sud pétrolifère du pays, est donné favori. Mais son challenger, Muhammadu Buhari, ex-dictateur militaire, âgé de 69 ans, candidat pour la troisième fois depuis 1999, risque de créer la surprise. Musulman issu du nord, ce dernier peut en effet compter sur un large soutien de ses coreligionnaires.

Nombreux étaient les électeurs se rendant aux urnes, notamment dans les profondeurs du pays, annoncent les dépêches d'agences.

Les autorités avaient cette fois pris leurs dispositions pour assurer des élections transparentes qui doivent mettre fin à un cycle de scrutins présidentiels entachés, durant les deux dernières décennies, par la fraude et les violences diverses.

Les législatives s'étant bien déroulées la semaine dernière, les observateurs locaux et internationaux ont tendance à espérer que le scrutin d'aujourd'hui se démarquera nettement des précédents même si l'explosion, sans faire de victimes d'une bombe dans la nuit d'hier à Maiduguri, dans le nord-est du pays, autorise quelques craintes. Des passagers d'une voiture en circulation ont lancé une bombe à 20 m du bureau électoral qui a endommagé des boutiques alentour.

avec Lenouvelobs.com

Goodluck Jonathan a été réélu dès le premier tour, a-t-on appris aujourd’hui, au terme du dépouillement complet des bulletins de vote. Cependant, son challenger crie déjà à la fraude, poussant ses partisans à l’émeute. Ainsi, à Kano, dans le nord musulman, des foules armées de gourdins, de planches et de couteaux ont affronté des soldats. Elles ont étendu leur révolte à Jos, dans le centre, et à d’autres villes, comme Zaria, où elles ont incendié la maison du vice-président et libéré des détenus d’une prison.

À Potiskum, au nord-est, les émeutiers ont tenté d’immoler une chrétienne en lui passant un pneu enflammé autour du cou, et n’eût été l’intervention des habitants, la malheureuse aurait péri sous le feu. Elle a été sauvée in extremis et hospitalisée.

Les observateurs n’écartent pas, en vérité, le recours à la fraude qui aurait bénéficié au président favori, plus particulièrement dans le sud chrétien. On évoque à titre d'exemple l'État de Akwa Ibom qui lui a donné 95 % des voix ou encore celui de Bayelsa, son État natal, où il a obtenu 99,63 %.

De tels résultats invraisemblables accréditent la thèse d’une fraude massive qui a défavorisé le challenger Buhari, lequel s’estime désormais en droit de contester les résultats rendus publics.

Avec l’AFP et Le Monde.fr

Selon une dépêche de l'AFP se fondant sur une affirmation d'une ONG de défense des droits civiques dans le pays, l'élection au premier tour de Jonathan Goodluck est à l'origine de graves violences au nord du Nigeria, où l'on compte des centaines de morts : "Le bilan des morts dépasse les 200 dans toute la région, d'après les informations qu'a reçues Civil Rights Congress", a déclaré Shehu Sani, chef de cette ONG.

1000 personnes au moins ont été arrêtées à Kaduna, au centre-nord, où un couvre-feu de 24 h sur 24 est instauré, ajoute encore cette ONG.

Le nombre exact des décès est tenu toutefois secret par les autorités qui ne tiennent pas à envenimer les choses par crainte de représailles. Mais la Croix-rouge a déjà dénombré 410 blessés à la suite de ces violences survenues après l'annonce des fraudes électorales qui ont profité au président réélu.

Ce dernier de confession chrétienne aurait été soutenu par une fraude massive dans le sud d'où il est originaire et son challenger, le général Muhammadu Buhari, un musulman du Nord, a dénoncé ces fraudes mais il s'est déclaré totalement opposé aux émeutes dans le Nord, à cause desquelles 40 000 personnes ont quitté leurs demeures.

Les émeutes au nord du Nigeria, majoritairement musulman, auraient fait un demi-millier de morts, annonce une organisation locale de défense des droits de l'homme appelée le Congrès des droits civiques (CRC).

Les violences ont eu pour théâtre les trois villes de Zonkwa, Kafanchan et Zangon Katak, au sud de l'État de Kaduna, l'un des plus touchés. "Les victimes ont été encerclées, harcelées et découpées à l'arme blanche, leurs maisons ont été incendiées", écrit le président du CRC, Shehu Sani, dans un rapport fondé sur des témoignages de membres de son organisation appartenant aux régions touchées par les affrontements.

Cette estimation semble corroborée par les enquêtes réalisées sur place par des ONG internationales.