Les ministres de l'Intérieur italien et français se sont réunis hier à Milan pour aplanir leur différend à propos de l'immigration sauvage en provenance de Tunisie et de Libye.
Paris s'était en effet révolté à l'idée que Rome ait décidé de distribuer des permis de séjour temporaires aux immigrés tunisiens mais aussi africains subsahariens fraîchement débarqués sur les côtes italiennes. Avec de tels permis de séjour, ces derniers avaient en effet vocation à circuler librement dans tout l'espace Schengen. Or, pour la France, s'agissant là de ressortissants étrangers parlant souvent français, c'est naturellement chez elle qu'ils se destinent naturellement.
À l'issue de leur rencontre à Milan, les deux ministres se sont accordés pour mettre en place un dispositif de surveillance aérienne et maritime non pas sur leurs côtes respectives mais sur celles de la rive sud méditerranéenne. Ainsi, les autorités de leur pays n'auront pas à s'exposer aux diverses tracasseries administratives d'accueil, de suivi et d'expulsion des migrants non désirés mais elles refouleront dès la sortie de Tunisie ou de Libye toutes embarcations spécifiques sitôt localisées en mer, à charge pour les autorités tunisiennes (le contact étant présentement rompu avec Tripoli) d'assumer par suite le contrôle de ces embarcations.
En amont, Paris et Rome se disent prêtes à aider financièrement Tunis dans la recherche et la mise en place de programmes permettant de dissuader ce type de migrations vers la rive nord, tant il est vrai que l'Europe elle-même souffre d'une profonde crise de chômage et de sous-emploi qui ne permet guère à ses membres d'accueillir des flux migratoires quelconques, en provenance particulièrement de la rive sud.
Certes, de telles mesures ne peuvent échapper aux critiques de la part des partis de gauche qui estiment qu'elles sont inappropriées dans le cas particulier de la Tunisie plongée depuis quelques semaines dans un désordre certain. Mais, en même temps, la France, notamment, ne pouvant recevoir toute la misère du monde, comme l'a claironné en son temps l'ancien Premier ministre Michel Rocard, il est juste de lui laisser le libre choix des migrants qu'elle veut accueillir.