Dans cette petite monarchie sunnite de Bahrein, les événements se précipitent dangereusement notamment depuis l'arrivée des troupes saoudiennes accourues à la rescousse de la dictature en place.
Aujourd'hui, à l'issue de la prière de vendredi, des milliers de manifestants se sont retrouvés à Diraz, un petit village chiite situé aux portes de Manama, la capitale, pour crier des slogans anti-gouvernementaux : "En paix ! en paix !", "nous sommes prêts à sacrifier notre sang et notre âme pour Bahreïn", scandaient-ils.
Les forces de l'ordre, intervenues par suite pour réprimer violemment ces manifestations interdites dès la veille par les autorités, ont fait usage de leurs armes à feu et tué quatre manifestants pacifiques et désarmés.
Ban ki Moon en personne est intervenu au téléphone pour mettre en garde le roi de Bahrein, Hamad Ben Issa Al-Khalifa, contre l'usage excessif de la force. Il lui a exprimé "sa profonde inquiétude au sujet des informations faisant état d'un usage excessif et indiscriminé de la force par les forces de sécurité et la police à Bahreïn contre des civils désarmés et le personnel médical", indique un communiqué de l'ONU. "De telles actions peuvent constituer une infraction au droit humanitaire international et sur les droits de l'homme", a-t-il ajouté, rapportent les médias.
La haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait déjà prévenu dès hier contre "l'escalade de la violence commise par les forces de sécurité à Bahreïn, en particulier par la prise d'assaut signalée d'hôpitaux et de centres médicaux", qu'elle a qualifiée non seulement de "choquante et illégale" mais perpétrée en "violation flagrante du droit international".
Dans l'île de Bahrein située entre l'Arabie saoudite et l'Iran, les Américains ont installé une base pour leur Vè flotte, sensée contrôler sans doute les activités de Téhéran et apporter en même temps un soutien éventuel à Riyadh. Leur présence sur les lieux les oblige néanmoins à prendre à leur tour position contre une répression abusive et inacceptable d'un mouvement militant pour les libertés, les droits de l'homme et surtout l'égalité des citoyens, le peuple majoritairement chiite étant largement et injustement discriminé à cause de sa confession.