Le Point.fr - 14.03.2011
L'accident dans une centrale nucléaire au Japon incite certains à réclamer un référendum sur le sujet.
Trois jours après le plus puissant séisme de son histoire, le Japon est engagé dans une course contre la montre pour protéger sa population d'une catastrophe nucléaire majeure. Et l'inquiétude gagne aussi la France, où le nucléaire est la principale source d'énergie. Dès dimanche, plusieurs écologistes sont montés au créneau afin de réclamer la sortie du nucléaire et un référendum sur le sujet. "Il faut se poser la question de la nécessité de l'énergie nucléaire. Tout le monde le dit : n'est-il pas temps de tirer la sonnette d'alarme et de concevoir une sortie du nucléaire ?" questionne Daniel Cohn-Bendit, eurodéputé d'Europe Écologie-Les Verts.
La secrétaire nationale du parti Cécile Duflot abonde dans le même sens. "Cela fait des années que les écologistes demandent deux choses : un vrai débat public sur l'énergie et la possibilité de décider, par référendum notamment, d'engager la sortie du nucléaire. Les événements au Japon renforcent notre détermination", a-t-elle assuré sur France 2. Même Nicolas Hulot a livré son opinion depuis l'Amérique du Nord, où il se trouve pour un tournage d'Ushuaïa. Réclamant, lui aussi, un référendum, celui qui songe à une candidature à la présidentielle insiste : "Le nucléaire, en l'état, ne peut pas être la réponse à nos besoins énergétiques. On a encore une fois la démonstration que l'on ne peut pas remettre le sort de l'humanité dans une vulgaire et tragique roulette russe."
"Le nucléaire est une bonne énergie" (NKM)
Selon les écologistes, la France n'est pas à l'abri d'une catastrophe nucléaire. Dans les colonnes du Parisien-Aujourd'hui en France, Corinne Lepage, ex-ministre de l'Environnement, met en garde : "Un incident majeur n'est pas impossible en France, car le pays est équipé de centrales vieillissantes. Certaines sont situées sur des secteurs inondables ou des zones sismiques." De son côté, Eva Joly, d'Europe Écologie-Les Verts, dénonce une "omerta en direction des Français, qui ne sont pas informés des risques réels" sur le nucléaire. "Est-ce qu'on va continuer à laisser croire qu'il n'y a pas de risque ?" s'interroge-t-elle. Serpent de mer, ce débat sur le nucléaire ressurgit à quelques jours des élections cantonales. Et Eva Joly, possible candidate d'Europe Écologie-Les Verts pour 2012, a confirmé dimanche son intention d'imposer ce sujet parmi les thèmes de la prochaine campagne présidentielle.
Mais pour le gouvernement, il n'est pas question de remettre en cause les choix énergétiques de la France. Deuxième plus gros pays producteur d'énergie nucléaire au monde après les États-Unis, l'Hexagone compte 58 réacteurs en activité. Cette énergie couvre près de 80 % des besoins en électricité de la France. "Je ne crois pas qu'il faille sortir du nucléaire, relève la ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Le nucléaire est une bonne énergie, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas améliorer perpétuellement la sûreté." Après une réunion ministérielle dimanche, le Premier ministre François Fillon s'est, lui, montré rassurant. "La France a toujours privilégié le niveau maximum de sécurité dans la construction et l'exploitation de ses installations. Elle sera attentive à tirer les enseignements utiles des événements japonais", a promis le locataire de Matignon. Une analyse des événements au Japon devrait prochainement être réalisée par les autorités françaises, comme à chaque fois qu'un accident se produit.