Depuis l'annonce du passage imminent et autorisé par le Caire de deux navires de guerre iraniens dans le canal de Suez, les Israéliens ne cessent de protester énergiquement contre une prétendue menace que fait peser cette présence indésirable voire ennemie pourtant très éloignée de ses côtes. Plus gravement encore, ils s'estiment en droit de réagir par la force contre un acte qui ne les concerne pourtant en rien.
Il est vrai que du temps de Mubarak la soumission de son pays au diktat de Tel Aviv restait une donnée constante et incontournable - néanmoins compensée par une aide financière substantielle de Washington - qui contraignait le Caire à n'accepter en aucun cas une telle intrusion de la marine iranienne dans ses eaux, tant l'Égypte et Israël se trouvaient unis par un pacte commun.
Aujourd'hui que la révolution de la place de la Liberté du Caire a chassé le despote, les rapports de l'Égypte avec ses voisins y compris l'Iran doivent nécessairement être réexaminés dans le sens de ses intérêts propres et non de ceux des puissances étrangères dites amies comme le furent les USA ou Israël.
C'est sans doute pour rappeler sa suprématie dans la région que Tel Aviv tente indirectement d'influer aujourd'hui avec autant d'empressement sur le Caire pour l'amener à refuser la traversée prévue pour demain de ces deux navires de guerre iraniens dont la feuille de route doit théoriquement les conduire jusqu'à Damas.
Aussi, faut-il espérer que les Israéliens ravalent vite leur menace d'attaquer ces derniers, sans quoi l'embrasement de la région risque d'être plus que probable, d'autant que Téhéran ne semble guère disposé à rappeler ses marins.