Dans un communiqué lu à la télévision égyptienne, l'armée a décidé :
1) de dissoudre les deux chambres du Parlement;
2) de suspendre la Constitution,
et a fixé la période transitoire à 6 mois. Mais elle ne s'est pas prononcée sur la levée de l'état d'urgence qu'elle maintient jusqu'au retour au calme dans le pays.
L'on sait, en effet, que les dernières élections, tout comme les précédentes d'ailleurs mais pour d'autres raisons, ont été entachées de graves fraudes organisées par le régime de l'ex despote qui voulait favoriser le parti PND au pouvoir dirigé par le fils Mubarak dans le but précisément de permettre le transfert au profit de ce dernier des rênes du pays par le père en septembre prochain. L'ensemble des partis politiques qui avaient dans un premier temps pris part aux élections se sont par suite retirés au 2è tour, laissant la place au seul PND sans que cela n'eût ému Mubarak et les autres dirigeants du pays à l'époque relativement récente d'il y a quelques mois à peine.
Quant à la constitution, il est vrai que certaines de ses dispositions appelées à être amendées en profondeur la rendent inapplicables dans les circonstances actuelles. Une commission spécialement créée doit préparer les amendements nécessaires pour les soumettre aux suffrages du peuple par référendum.
Tout ceci, enfin, ne semble pas avoir suffi à calmer la colère des manifestants, peu satisfaits d'autre part par le remaniement superficiel de l'ancien cabinet gouvernemental. Ils exigent son complet remplacement, ce que l'armée rejette. Pour cette même raison, nombre des protestataires qui avaient occupé la place Tahrir avant de la quitter juste après la destitution du dictateur sont revenus sur les lieux et entendent y rester jusqu'à satisfaction de leur revendication sur ce point.