Devant les représentants des agences C.T.C. réunis hier, le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, a curieusement innové en investissant le CTC de missions nouvelles sortant de son cadre habituel. Le contrôle technique de la construction, a-t-il dit, ne se limitera plus aux vérifications préalables des plans graphiques et au suivi de l'exécution des ouvrages de béton et d'étanchéité, mais s'étendra désormais aux corps d'état secondaires, comme la pose du carrelage, des menuiseries, de la plomberie, etc., pour en améliorer la qualité.
Noureddine Moussa, qui n'a rien apparemment d'un spécialiste de la construction, feint de confondre lui-même les responsabilités respectives des ingénieurs de béton armé et des architectes. Même si l'on peut admettre que les premiers s'acquittent généralement avec plus de sérieux de leur mission, à l'inverse des seconds dont la fonction a tendance à devenir plus commerciale que technique, rien ne justifie que l'on décharge ces derniers de leurs devoirs au profit des premiers.
Le ministre n'a pas à inventer la roue. Il est de notoriété publique que les ingénieurs du CTC ne peuvent valablement contrôler que les ouvrages de béton armé et accessoirement de l'étanchéité destinés à protéger précisément les précédents, mais pas les travaux secondaires qui relèvent de la prérogative des architectes et d'eux-seuls qui ont reçu une formation largement suffisante en la matière. Si des défauts et autres insuffisances parfois inacceptables ont pu être très souvent relevées dans la qualité des travaux secondaires, il revient à l'architecte seul d'expliquer sa propre défaillance sur le terrain. Payé proportionnellement à l'avancement des travaux, il faut impérativement qu'il réponde de ses fautes mais pas qu'il soit dessaisi de ses devoirs contractuels qui le désignent toujours comme maître d'œuvre et, par conséquent, comme intervenant incontournable dans l'acte de bâtir.
Dans cette Algérie où tout va à vau-l'eau, il n'est pas étrange, en vérité, qu'un ministre de l'Habitat sorte des incongruités de ce genre de son chapeau, tout comme l'un de ses prédécesseurs avait un temps essayé de faire accroire que le sable de concassage était un matériau convenable pour le béton armé, ignorant ainsi le b.a.-ba du béton armé.