Tandis que la rue continue de gronder à Tunis pour réclamer la démission du gouvernement de transition, celui-ci, qui tarde par ailleurs à annoncer le remaniement promis aux antipodes sans doute des attentes populaires, a cru avoir trouvé le moyen de calmer la colère des manifestants. Il vient de lancer un mandat d'arrêt international contre Ben Ali et sa femme pour "acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers" et "transferts illicites de devises à l'étranger", a annoncé le ministre de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi.
Déjà huit personnes de la famille Trabelsi, beaux parents de l'ex dictateur, sont en état d'arrestation dans le pays où elles sont poursuivies pour les mêmes griefs.
La question est de savoir désormais l'attitude que compte adopter Ryadh face à ce mandat d'arrêt transmis à Interpol. Le royaume saoudien, qui a donné refuge à l'ex despote en s'appuyant prétendument sur le devoir imposé aux musulmans d'offrir l'assistance nécessaire à ceux qui la demandent, se trouve à présent dans une situation bien délicate. Il avait certes dès le lendemain de l'arrivée du fugitif chez lui dépêché un ministre auprès d'Alger pour demander aux autorités de lui offrir l'asile, mais Bouteflika, dont le trône est également menacé, aurait refusé nettement de se compromettre par un tel geste.
On sait que l'U.E., la Suisse et particulièrement la France ont déjà pris leurs dispositions pour bloquer les avoirs et les biens volés aux Tunisiens par leur ancien président. On sait aussi que partout dans le monde, en vertu d'une convention adoptée à l'ONU, les biens mal acquis doivent retourner à leurs légitimes propriétaires, autrement dit les peuples, auxquels ils auront été volés.
Aussi, l'exemple tunisien sert-il d'ores et déjà de test pour vérifier la portée réelle de tous ces engagements...
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