Nombre de messages : 254 Date d'inscription : 11/05/2007
Sujet: Ben Ali déchu Ven 14 Jan - 21:10
Les informations diffusées cet après-midi à propos de véhicules officiels se dirigeant vers l'aéroport, pourtant fermé, se sont finalement confirmées : elles transportaient Ben Ali et sa famille qui se sont éclipsés en catimini du pays, à la manière des dictateurs poussés contre leur gré vers la porte de sortie.
L'ex président a chargé le Premier ministre Ghanouchi du soin d'assumer les pouvoirs qui lui étaient dévolus.
Ben Ali se serait réfugié en France, où sa présence aurait été remarquée ce soir par el-Jazeera.
Le dictateur ayant échoué à rétablir l'ordre a cédé à la pression populaire qui réclamait son départ.
Nombre d'incertitudes se posent désormais à Tunis, où l'on s'interroge sur l'issue réelle des événements en cours : est-ce la fin du régime Ben Ali et l'amorce d'un virage véritable pour la démocratie ? Rien n'est plus sûr, l'armée détenant aujourd'hui les rênes véritables du pouvoir.
Aharbal
Nombre de messages : 334 Date d'inscription : 27/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Sam 15 Jan - 12:25
En compagnie de sa femme, l'ex despote tunisien Ben Ali a atterri, au milieu de la nuit, à Ryadh, en Arabie saoudite, où il a décidé de s'installer.
Son avion avait survolé Malte à la tombée de la nuit avant de prendre le cap au nord, faisant craindre à la France qu'il ne vienne s'y réfugier.
Paris, dans la soirée, après moult interrogations, avait fini par ne pas souhaiter que l'ex président tunisien s'y rendre, pour ne pas troubler la communauté tunisienne nombreuse qui vit en France. C'est du moins l'explication rendue publique dans la nuit.
Durant justement la nuit, le couvre-feu instauré en Tunisie, sous le contrôle de l'armée, a certes empêché les populations de se retrouver dans la rue pour fêter leur victoire mais pas les pillards de s'en prendre à des biens publics et privés pour les vider sinon pour les incendier. Des bâtiments publics, y compris des commissariats de police, ont été en effet la cible de ces voyous dont on signale de nombreuses arrestations opérées dans leurs rangs par les forces de l'ordre.
Le calme, enfin, semble être revenu dans la capitale tunisienne ainsi que dans les profondeurs du pays où le peuple est à la fête tout en faisant son deuil des nombreuses victimes tuées par balles tout au long de ces derniers jours qui resteront à la fois un repère historique pour les générations à venir et un point d'appui pour les peuples arabes avides de liberté et de démocratie.
Ouahiba
Nombre de messages : 227 Date d'inscription : 14/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Sam 15 Jan - 13:46
L'U.E. qui, comme la France, a observé, durant tout le mois de tueries en Tunisie, un silence coupable, tente à présent de rattraper sa bourde en revêtant aujourd'hui la casquette de donneur de leçon : "Nous voulons exprimer notre soutien aux Tunisiens et notre reconnaissance de leurs aspirations démocratiques auxquelles on devrait répondre d'une manière pacifique", ont déclaré le chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton et le commissaire européen à l'Elargissement Stefan Fuele dans un communiqué cité par l'AFP.
"A cet égard, nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et à rester calmes afin d'éviter qu'il y ait d'autres victimes et d'autres violences", ont ajouté les deux responsables. "Le dialogue est crucial", ont-ils souligné avant d'assurer que l'UE était prête à "aider à trouver des solutions démocratiques durables à la crise actuelle".
Par leur complaisance Paris et Bruxelles feignent simplement d'oublier qu'ils prennent une large part de responsabilité dans la gestion catastrophique de la crise tunisienne de ces dernières semaines. C'est parce qu'une Alliot-Marie, ministre française des Affaires étrangères, avait cru devoir non pas défendre le droit à la liberté et à la démocratie des Tunisiens et des Algériens qui le réclament bruyamment dans la rue mais proposer à leurs dirigeants les services "hautement appréciés internationalement" de la police française pour endiguer leur révolte, que la crédibilité de la France ne pèse plus grand chose désormais du côté sud de la rive méditerranéenne.
Tunisie : Quand Alliot-Marie proposait l'aide de la France envoyé par Nouvelobs. - L'info internationale vidéo. À force de vouloir cacher le soleil avec un tamis, comme le dit un proverbe arabe très célèbre, la vérité finit toujours par triompher. Il n'y a jamais rien de vraiment sincère dans toutes ces déclarations prétendument amicales entendues de la bouche des responsables français. Rien d'autre ne les intéresse en réalité que les intérêts à tirer directement de ces pays d'Afrique du Nord ou même d'Afrique subsaharienne, au nom de la fumeuse charte de la Françafrique.
Nombre de messages : 260 Date d'inscription : 08/06/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Sam 15 Jan - 14:38
Le site DNA consacre un article fort documenté à celui qui fut l'homme fort de Tunis et surtout à sa femme, une ex coiffeuse devenue célèbre par le trop plein d'appétit qu'elle a toujours manifesté pour l'argent, les affaires, le luxe et même la politique... Voici ce qu'il en dit : ************************************************************************************ Du séchoir au pouvoir: le destin contrarié de Leila Trabelsi Benali, coiffeuse devenue régente
dna - Vendredi, 14 Janvier 2011
Elle symbolise, mieux que personne, les turpitudes et l’arrogance du régime Ben Ali. Elle est devenue la femme la plus haïe du pays. On l’appelait « la régente ». On spéculait sur ses chances d’accéder un jour à la présidence. Elle était devenue politiquement incontournable, médiatiquement omniprésente, et économiquement hégémonique.
Leïla Trabelsi, l’épouse du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, est d’ores et déjà, et quelle que soit l’issue de la crise qui secoue aujourd’hui le pays du jasmin, l’une des principales « victimes politiques » de l’affaire. Avec le limogeage des inamovibles Abdelawahab Abdallah et Abdelaziz Ben Dhia, deux de ses obligés, intervenu jeudi 13 janvier au palais de Carthage, elle a perdu ceux qui étaient ses meilleurs alliés du sérail.
Elle-même, à en croire la vox populi, aurait déjà fait ses bagages et se serait provisoirement repliée sur Dubaï, une ville où elle a ses habitudes. Une rumeur, insistante mais invérifiable, prétend qu’elle serait partie dès le début des troubles, le 19 décembre, et qu’elle aurait emporté avec elle 1500 lingots d’or extraits des coffres de la banque centrale. L’histoire est sans doute trop belle pour être vraie. Elle montre cependant à quel point « Leïla la coiffeuse devenue présidente » cristallise les fantasmes et les haines.
Les détails de sa jeunesse, jalousement tenus secrets
Née le 20 juillet 1957, Leïla Trabelsi, comme son futur époux, est une fille du peuple. Issue d’une famille modeste, elle compte onze frères et sœurs, dont le sulfureux Belhassen Trabelsi , le « parrain » du clan, sans doute l’autre homme (avec le président) le plus détesté du pays. Sa biographie officielle tient du roman à l’eau de rose. Les détails de sa jeunesse, jalousement tenus secrets, sont mal connus. Seule certitude : elle a exercé la profession de coiffeuse. Ambitieuse et séductrice, Leïla a vite compris que les hommes, et tout particulièrement les hommes mariés, constituaient pour elle sa meilleure chance de promotion sociale.
On ne sait pas les circonstances exactes dans lesquelles elle aurait rencontré Zine El Abidine Ben Ali, au début des années 1980, quand celui-ci était alors un officier craint et prometteur, chef de la sûreté nationale. Se sont-ils d’abord croisés à Paris, dans un cabaret, comme le prétend une autre vilaine rumeur ? Ou plus sagement à Tunis, mis en relation par un ami commun ? Epais mystère.
Ben Ali, devenu président, s’était séparé de sa première femme
Ben Ali, qui n’est pas encore président, mène une double vie. A la ville, il est marié avec Naïma Kéfi, une fille de général, qui lui a donné trois filles, Ghazoua (épouse de l’homme d’affaires Slim Zarrouk), Dorsaf (l’épouse de Slim Chiboub, l’ancien président du club de football de l’Espérance Sportive de Tunis), et enfin Cyrine (qui a épousé Marwane Mabrouk, l’actuel patron de Monoprix, et d’Orange Tunisie). Dans le secret de l’alcôve, il est l’amant de la pulpeuse Leïla. Nesrine, leur fille, conçue en 1985, est née hors-mariage, en 1986, à Bruxelles. Une deuxième, Halima, verra le jour en 1992, mais entre-temps, Ben Ali, devenu président, s’était séparé de sa première femme. Leur mariage est célébré la même année. Du séchoir au pouvoir ! Les Tunisiens font des gorges chaudes de ces épousailles du président avec l’ancienne courtisane.
Leïla, d’abord relativement discrète, trouve ses marques à Carthage, dès la fin des années 1990. Elle et son frère Belhassen sont à l’origine de la disgrâce de Slim Chiboub, le gendre tout puissant. Très vite, elle gagne en envergure politique. Place ses hommes au gouvernement, et, surtout, au Palais, à Carthage. Belhassen, et son neveu Imed, une petite frappe condamné en France pour une affaire de vols de bateaux de luxe, deviennent incontournables dans le monde des affaires. Leur promotion, et l’ascension politique de Leïla, constituent le tournant du règne.
Le fils, Mohamed Zine El Abidine, rebaptisé immédiatement « Le Prince Héritier »
La Tunisie, jusque-là dictature policière corrompue « un peu mais pas trop », se métamorphose en un système aux relents mafieux. Les frasques de Leïla et de Belhassen scellent le divorce définitif entre le régime et le peuple. Divorce dont nous observons les tragiques conséquences aujourd’hui.
En 2005, le 20 février exactement, Leïla franchit un nouveau palier en donnant un fils à son mari : Mohamed Zine El Abidine, rebaptisé immédiatement « Le Prince Héritier » par la vox populi. Politiquement, c’est une excellente affaire, car Ben Ali, qui n’avait eu que des filles, rêvait d’un garçon. Leïla profite aussi de l’affaiblissement physique du président – on le dit malade, atteint d’un cancer de la prostate – pour augmenter encore son emprise sur le pouvoir. Elle ne cache plus ses ambitions et travaille son image. Il faut faire oublier « la coiffeuse ». Elle passe un bac français par correspondance. Puis, avec l’aide d’Abdelaziz Ben Dhia, le conseiller-juriste de son mari, qui a étudié à la faculté de Toulouse, elle s’inscrit en droit dans la ville rose.
Leïla diplômée et surdiplômée
La belle histoire continue : Leïla, par correspondance toujours, présente des aptitudes vraiment étonnantes, puisqu’elle décroche sa maîtrise en à peine deux ans. Maintenant diplômée et surdiplômée, elle peut se montrer au grand jour. Elle se lance dans les activités caritatives, par l’entremise de la fondation Basma, et dans le « militantisme féminin », à travers l’Organisation de la femme arabe, l’OFA, qui a tenu un grand congrès à Tunis cet automne. S
Son portrait figure désormais aux côtés de son mari dans les publications de la presse officielle. Elle harangue les foules lors des meetings, pendant la campagne pour les élections présidentielles de 2009. Elle apparaît, de plus en plus, comme la vraie patronne du pays. Les scénarios les plus fous – celui d’une « régence » - commencent à circuler. Mais il était dit que l’histoire se finirait mal. L’insurrection du peuple tunisien a sonné le glas de ses ambitions.
Izirdhi
Nombre de messages : 182 Date d'inscription : 10/04/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Dim 16 Jan - 16:30
Un membre de la famille du président déchu vient de décéder des suites des coups de couteau reçus le jour même du départ de Ben Ali. Il s'agit d'Imed Trabelsi, le petit neveu, apparemment très chouchouté, de Leïla, l'épouse de Ben Ali.
Ce mauvais garçon d'une trentaine d'années aurait déjà eu maille à partir avec la police française qui l'avait condamné par défaut et le recherchait en vain dans le cadre du vol d'un bateau de plaisance qu'il avait commis au préjudice de Bruno Roger, un dirigeant français de la banque Lazard, proche de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Après s'être accaparé illégalement de ce bateau, Imed Trabelsi l'avait maquillé puis contraint finalement de le restituer à son propriétaire sur pression des autorités consulaires françaises.
Cité dans de nombreuses affaires louches où il aurait trempé en toute impunité, le défunt avait accumulé une fortune colossale acquise le plus souvent par la rapine ou le chantage. Les affairistes particulièrement français qui s'étaient frottés à lui avec l'espoir de tirer avantage de ses relations s'étaient tous fait gruger au point où il s'est acquis une notoriété de sale bandit que les investisseurs évitaient d'approcher.
Le mal causé par l'entourage de Ben Ali aux divers milieux des affaires est reconnu comme étant plus gravissime encore que celui qui lui est directement attribué quant à sa dictature et à son despotisme.
Oussan
Nombre de messages : 274 Date d'inscription : 05/04/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Dim 16 Jan - 16:48
Un mandat d'arrêt vient d'être lancé contre le général Sériati, l'ex directeur de la sécurité auprès de Ben Ali, formellement accusé d'être le commanditaire des exactions commises ces derniers jours contre la population tunisienne et ses biens.
Selon une dépêche AFP : "Une information judiciaire a été ouverte contre l'ancien directeur général de la sécurité présidentielle (le général Ali Sériati) et un groupe de ses collaborateurs pour complot contre la sécurité intérieure de l'Etat, incitation à commettre des crimes et à s'armer et provocation au désordre", a indiqué la télévision publique tunisienne.
"Le juge d'instruction du tribunal de Tunis a lancé en conséquence des mandats d'arrêt contre lui et ses collaborateurs", a-t-elle ajouté. Elle a indiqué qu'il avait été établi que cet homme clé de l'ancien régime était derrière les milices qui sont responsables des désordres récents dans la capitale et d'autres villes du pays, ajoute encore la dépêche.
Nassima
Nombre de messages : 263 Date d'inscription : 02/06/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Dim 16 Jan - 18:55
Kaïs Ben Ali, neveu de l'ex président, a été arrêté aujourd'hui par l'armée, indique une dépêche de l'AFP.
Reconnu parmi un groupe d'une dizaine de personnes qui ont, durant la nuit, terrorisé les gens en tirant des coups de feu en l'air à bord de trois voitures de police roulant à tombeau ouvert, ce petit potentat local de Msaken, une localité de la région d'origine de l'ex-président Ben Ali, devra répondre des exactions commises avec sa bande. Il faudra à tous expliquer aussi comment des véhicules de police et des armes de guerre ont été mis à leur disposition.
Des biens publics et privés, y compris ceux appartenant à des proches de l'ex despote, ont été pillés, saccagés ou incendiés durant les deux dernières nuits à Tunis comme dans d'autres cités du pays.
Alain
Nombre de messages : 160 Date d'inscription : 25/06/2010
Sujet: Re: Ben Ali déchu Lun 17 Jan - 18:00
Citant les services secrets français, le journal Le Monde.fr indique que le couple Ben Ali se serait emparé de 1,5 tonne d'or de la banque centrale avant de quitter le territoire tunisien.
Leïla Ben Ali, l'épouse, se serait rendue elle-même auprès de la banque centrale et demandé cet or au directeur. Ce dernier lui ayant opposé un refus, elle aurait alors téléphoné à son mari qui, dans un premier temps aurait refusé avant de céder.
Ben Ali et sa famille n'avaient pas seulement mis main basse sur des propriétés et des biens du peuple mais ils auraient tenu à dévaliser la banque centrale avant de s'enfuir comme des voleurs.
Par la voix de François Baroin, porte-parole et ministre du budget, le gouvernement français tente à présent de rattraper sa grosse bourde en proposant aux Tunisiens de mettre à leur disposition les biens immobiliers et financiers détenus par la famille de Ben Ali en France. Il a déjà pris les devants en demandant à Tracfin, une institution chargée du contrôle des biens étrangers en France, de geler les avoirs de cette famille en attendant que des décisions judiciaires confirment ce pouvoir.
Enfin, on indique que Slim Chihoub, gendre de Ben Ali, aurait, selon Le Figaro.fr, avisé les autorités tunisiennes que 800 voitures de police bourrées d'explosifs seraient dispersées à travers le pays pour appuyer le désordre mis en place par les ex courtisans du despote déchu. Cette information semble être prise très au sérieux par les autorités en place.
Azaghar
Nombre de messages : 183 Date d'inscription : 01/06/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Mer 19 Jan - 18:05
AFP - 19.01.2011
Une enquête judiciaire pour "acquisition illégale de biens" et "placements financiers illicites à l'étranger" a été ouverte contre le président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali et sa famille, a annoncé aujourd'hui l'agence officielle TAP.
L'enquête est ouverte pour "l'acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers", les "placements illicites à l'étranger" et "l'exportation illégale de devises", a précisé l'agence citant une "source autorisée".
Elle vise nommément l'ancien chef d'Etat, sa femme Leila Trabelsi, "les frères et gendres de Leila Trabelsi, les fils et les filles de ses frères".
Le clan Ben Ali-Trabelsi est accusé d'avoir mis en coupe réglée le pays depuis 23 ans. Le président déchu a abandonné le pouvoir vendredi et s'est enfui en Arabie Saoudite, à l'issue d'un mois de révolte populaire.
Akhroub
Nombre de messages : 227 Date d'inscription : 10/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Mer 19 Jan - 20:59
Selon le haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, les violences en Tunisie ont causé la mort d'au moins 100 personnes, d'après ses propres statistiques. "Mon bureau a reçu des informations concernant plus de 100 décès au cours des cinq dernières semaines, résultant de tirs ainsi que de suicides de protestation et des émeutes dans les prisons durant le week end", a expliqué Mme Pillay, lors d'un point de presse.
Il faut ajouter un chiffre au moins semblable de blessés, d'après les chiffres officiels tunisiens.
Les manifestations se sont encore poursuivies ce matin pour protester contre la composition actuelle du gouvernement de transition : le peuple refuse toujours d'avaliser le maintien d'anciens ministres du régime déchu, même s'ils se disent démissionnaires du parti RCD qui était aux commandes.
France-24 annonce d'ailleurs que Ghanouchi, l'actuel Premier ministre, a appelé hier au téléphone l'ancien despote en Arabie saoudite où il mène une vie de pacha.
En France une plainte vient d'être déposée contre ce dernier pour corruption. La Suisse, de son côté, a annoncé qu'elle gelait les avoirs de la famille Ben Ali dans ses banques.
Faïza
Nombre de messages : 265 Date d'inscription : 12/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Jeu 20 Jan - 11:05
D'après la télévision tunisienne, 33 membres de la famille Ben Ali ont été arrêtés. Ils sont soupçonnés de "crimes contre la Tunisie". "Des enquêtes vont être menées pour qu'ils soient traduits en justice", dit un communiqué émanant d'une "source officielle".
Il est établi que le dictateur et sa famille s'étaient emparés de larges secteurs de l'économie nationale, s'autorisant même à exproprier leurs concitoyens pour faire main basse sur leurs biens. Le président lui-même détiendrait une fortune estimée entre 5 et 10 milliards de dollars, provenant essentiellement de rapines et de détournements de fonds publics et privés.
Partout dans le monde s'organisent désormais l'identification et le gel des biens appartenant à cet ancien despote qui a trouvé refuge en Arabie saoudite depuis sa fuite de Tunisie.
mâchicoulis
Nombre de messages : 111 Date d'inscription : 30/10/2010
Sujet: Re: Ben Ali déchu Jeu 20 Jan - 12:24
Piqué dans le blog des correcteurs du journal Le Monde ce croustillant point à propos de ce despote : *********************************************************************************** 20 janvier 2011 la chute de la maison Trabelsi-Ben Ali
Jeudi 13 janvier au soir, la presse française nous spécifiait que l’ultime discours télévisé de Ben Ali aux Tunisiens avait été prononcé en arabe dialectal, “afin d’être compris par le plus grand nombre”. Nous en concluons que ses discours habituels, en arabe plus littéraire, n’étaient pas compris par “le plus grand nombre” et que cela valait mieux pour lui. De l’avoir oublié a sans doute perdu notre ex-ami : le passage au vernaculaire lui a été fatal. Peut-être le maniait-il mal ? peut-être est-il impropre à la langue de bois ? en tout cas, il a eu tort d’abandonner les circonvolutions syntaxiques et les développements amphigouriques ! Après 23 ans de règne, le roi était nu et il a dû prendre ses jambes à son cou.
Nous noterons également le très rapide glissement sémantique qui s’est opéré en France : ce président et ami si choyé par notre classe politique et le FMI (Sarko, DSK et l’impayable Alliot-Marie en tête) est du jour au lendemain devenu tyran et dictateur. Ainsi, nos gouvernants ont subitement découvert que cette aimable démocratie n’était en fait qu’une sombre kleptocratie. Et que Ben Ali et son épouse, Leila Trabelsi, ne pensaient qu’à s’en mettre plein les fouilles. Du coup, ils sont devenus personae non gratae. Devant tant d’ingratitude*, comment ne pas penser à ces propos amers du vieil Ovide : Donec eris felix multos numerabis amicos (tant que tu seras heureux, tu compteras beaucoup d’amis), qui ajoutait : Tempora si fuerint nubila, solus eris (si le ciel se couvre de nuages, tu seras seul) ?
—
la sémillante Leila Trabelsi, épouse de Ben Ali. Leila était la vraie tête pensante du couple, il paraît même qu’elle se voyait un avenir à la Eva Peron. En tout cas, elle ne manquait pas de talents (d’or) et n’aurait pas oublié de se lester, dans sa fuite, de force lingots, cédant à l’auri sacra fames, l’”exécrable faim de l’or” (Virgile, L’Enéide*).
* Finalement, il ne reste plus au couple Ben Ali-Trabelsi qu’un seul ami, Kadhafi, qui l’a invité sous sa tente, non sans l’avoir couvert d’éloges ce qui est plutôt compromettant. Mais nul n’ignore la maxime asinus asinum fricat : “les ânes se frottent mutuellement”.
--------- * L’Enéide est d’ailleurs le récit d’une fuite.
Kurt
Nombre de messages : 123 Date d'inscription : 27/04/2010
Sujet: Re: Ben Ali déchu Sam 22 Jan - 19:09
Une chronique du magazine Le Point signée par Pierre Beylau vient remettre les choses à leur place. Depuis une semaine que Ben Ali est tombé, l'on assiste à son lynchage médiatique par l'ensemble de la classe politique et de la presse. C'est comme si, tout à fait par enchantement, les uns et les autres découvrent subitement les travers d'un homme qui les a dans un grand nombre de cas nourris ou honorés. Ils se surprennent alors à ignorer que c'était grâce à leurs encouragements et à leur soutien indéfectible que le monstre les a utilisés eux-mêmes pour se servir et atteindre ses objectifs... Voici donc cette croustillante chronique : ******************************************************************************** Où sont donc passés les amis de Ben Ali ?
Le Point.fr - Publié le 21/01/2011 par Pierre Beylau
Aujourd'hui que le régime est tombé, difficile de trouver un décideur français qui reconnaisse son indulgence envers Ben Ali.
Vae Victis, malheur aux vaincus : le vieil adage romain est plus que jamais d'actualité du côté de l'antique Carthage, même si c'est un chef gaulois (Brennus) qui l'a popularisé vers 390 avant Jésus-Christ. Trouver aujourd'hui un Français admettant avoir, peu ou prou, soutenu le régime de Ben Ali ou avoir fait preuve d'une quelconque indulgence envers lui relève de l'exploit. Le journaliste qui s'aventure sur ce terrain est à peu près dans la même situation que l'infortuné prince de Soubise cherchant son armée à la lueur d'une lanterne après la défaite de Rossbach (1757).
Du bout des lèvres
Les habitués d'Hammamet, les accros de Djerba, ceux qui allaient volontiers colloquer en Tunisie, en évitant les questions grossières qui auraient pu indisposer leurs hôtes, se sont volatilisés. Disparus, envolés, réduits à l'état gazeux.
Quelques-uns reconnaissent, du bout des lèvres, avoir fréquenté les cercles du pouvoir, mais c'était pour de bonnes raisons. Et chaque fois qu'ils ont eu l'occasion de voir Ben Ali ou l'un de ses proches, ils n'ont pas manqué d'insister sur la nécessité de démocratiser, d'ouvrir des espaces de liberté, de mettre un peu moins la main dans le pot de confiture. Si l'on pousse un peu ces téméraires dans leurs retranchements, ils vous susurreront dans le creux de l'oreille qu'ils étaient, en réalité, des sortes de résistants soigneusement dissimulés.
Cécité politique
Soyons sérieux : personne n'avait prévu que le régime de Ben Ali s'effondrerait aussi vite. Et il est légitime que la France ait cherché à préserver ses intérêts dans le pays. Si l'on n'entretenait des relations qu'avec des États démocratiquement irréprochables, on pourrait licencier la moitié des diplomates du Quai d'Orsay. Une politique étrangère n'est fondée ni sur des sentiments ni sur des principes uniquement moraux. Elle s'enracine sur l'histoire, la géographie et les intérêts. Mais cela n'empêche pas d'évaluer la réalité, de cerner les courants qui se dessinent dans la société, de mesurer les changements qui se profilent, les aspirations des nouvelles générations. Or on a la fâcheuse impression qu'il y a eu sur ce plan de sérieuses défaillances.
Et une question subsidiaire surgit : la proximité de nombre de décideurs français avec le pouvoir en place à Tunis n'a-t-elle pas largement contribué à cette cécité politique ?
Augustin
Nombre de messages : 300 Date d'inscription : 27/06/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Dim 23 Jan - 18:42
Ces derniers jours, l'on a beaucoup glosé à propos du despote tunisien déchu en même temps que sur ses nombreux flagorneurs et rares contempteurs, venus de divers horizons et souvent bardés de diplômes et de connaissances approfondies nous ressasser leurs théories alambiquées sur les pays tout particuliers d'Afrique du Nord. Reçus sur les plateaux de télévision comme experts le plus souvent, ils sont interrogés sur les différents aspects de la politique, de l'économie et surtout de ces sociétés de la rive sud dont ils sont censés comprendre les profonds et souvent subtils mécanismes qui échappent à l'entendement de l'homme du commun. Antoine Sfeir, qui se dit spécialiste du monde arabo-musulman, est de ceux-là, lui, l'auteur de livres et de nombreux articles écrits à la gloire de Ben Ali, l'ex président relégué désormais au rang des criminels recherchés à travers la planète. En raison de la volte-face à 180° que Sfeir a très vite décrite depuis la chute de ce tyran, Bakchich lui consacre un article fort bien documenté qui lui rappelle ses basses flatteries et surtout ses analyses tronquées longtemps prodiguées à l'homme aujourd'hui honni en Tunisie et partout en Afrique du Nord. Cet article peut être aussi perçu comme une espèce de rappel à l'ordre à l'adresse de tous ces soi-disant experts qui pullulent dans les débats télévisés mais dont les jugements sont bien souvent dictés non par des esprits éclairés mais simplement par le souci de plaire, de faire commerce de leur prétendu savoir scientifique, sans plus. Le voici tel que publié dans les site concerné. *************************************************************************************** Le Sfeir à repasser de Ben Ali
Tunizizanie / samedi 22 janvier par Laurent Macabies
Depuis la "révolte tunisienne, les experts se bousculent dans les médias. Comme Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l’Orient qui ne tarissait pas d’éloges sur le régime de Ben Ali. Combien de temps va-t-on laisser Sfeir ?!
L’ami Sfeir perd-il la boule ? Invité depuis quelques jours à réagir au soulèvement de la population tunisienne, le directeur des Cahiers de l’Orient se met enfin à critiquer les agissements néfastes de Ben Ali et de sa clique. Le journaliste a pu ainsi apporter sur France Inter, France Soir ou Le Télégramme son analyse éclairée de "spécialiste du monde arabo-musulman". Avec beaucoup de courage, puisqu’il y a, entres autres, fustigé la corruption et le "racket" du régime de Ben Ali… après son départ. Quelques mois avant "la révolte de Jasmin", c’était une autre paire de manches…
Le "pari" économique gagnant du président
Lors de la sortie en juin 2006 du bouquin du sieur Sfeir Tunisie, terre de paradoxes (éditions Archipel), Bakchich avait raillé ce « livre de propagande encensé -comme il se doit- par la "critique" tunisienne ». « Notre auteur s’évertue à lécher les bottes du gouvernement de Ben Ali », considérait-on.
Dans l’ouvrage, repris allègrement par le site d’information pro-gouvernemental www.infotunisie.com, Antoine Sfeir diagnostiquait une économie florissante : « Ben Ali a fait émerger un pays nouveau, bâti sur cette vieille tradition d’ouverture et de progrès (…). Peu dotée par la nature de ressources minières (la Tunisie) avance quand même, parce que son Président a parié sur les capacités et la volonté des Tunisiens, et non sur une hausse des cours du pétrole ».
« La réunion des compétences en un seul homme »
« Des responsables politiques du monde entier, mais aussi des hommes de lettres et de culture, se sont associés pour rendre hommage à l’œuvre de Zine El Abidine Ben Ali », écrivait aussi le flagorneur. « Personne ne les a obligés à le faire. S’ils ont trouvé que leur démarche est justifiée, c’est parce qu’en Tunisie on trouve autre chose que ce que les médias veulent montrer ». Le Monde Diplo (20/09/2006) relevait lors de la sortie du livre d’autres jolis fayotages à l’égard de Ben Ali, décrit comme réunissant « en sa personne toutes ces compétences. D’une part, elles lui permettent de se montrer plus efficaces, et les résultats obtenus plaident en sa faveur ; d’autre part, la réunion de ces compétences en un seul homme évite de les voir entrer en conflit. »
Prolongement de son bouquin, Antoine Sfeir a sorti un numéro spécial des Cahiers de L’Orient en hiver 2010 intitulé "L’exception tunisienne". Avec des chapitres tels que « un rempart contre l’intégrisme », "Patrimoine archéologique et renouveau culturel" ou "Des succès économiques confirmés" ou des parties comme "Pourquoi les Tunisiens votent-ils Ben Ali ?" (« Ben Ali est crédible, et son bilan est positif sur les plans social, économique et politique »), "Une politique de sécurité musclée mais préventive" ou "La Tunisie face à la crise : anticipations et réformes"…
La caricature des "ennemis de la Tunisie"
À l’occasion de la sortie du numéro, Antoine Sfeir s’est fait inviter par le Club de la presse à Genève en compagnie du journaliste à L’Alsace François Bécet. Ce dernier, auteur de "Tunisie, porte ouverte sur la modernité" (Le Cherche Midi) que Sfeir a préfacé, estimait, que le pays de Ben Ali était l’« objet de désinformation, victime de l’hostilité de quelques pseudo défenseurs de la démocratie, qui, se cachant sous de fausses apparences, travestissent la réalité », rapportait La Tribune de Genève.
Hasard malencontreux du calendrier, François Bécet a d’ailleurs sorti le 14 janvier 2011 un autre livre "Ben Ali et ses faux démocrates" ! Le speech de cet autre "spécialiste", consultable sur le site des Éditions Publisud, est hilarant : « Avec l’élection du 24 octobre, les " ennemis " de la Tunisie se déchaînent en affirmant critiquer le pays parce qu’ils l’aiment. Si c’était vrai, ils reconnaîtraient l’immense travail de redressement accompli par le président Ben Ali, depuis le 7 novembre 1987. D’un pays en perdition, il a fait un " petit dragon " et a redonné fierté à tous les Tunisiens. Tout n’est pas parfait, l’ouverture politique demande sans doute à être accélérée. Toutefois, le débat sur le rythme de cette ouverture est maintenant lancé. Les partis d’opposition, au lieu de se battre entre eux et de ne rien proposer aux citoyens, devraient faire leur mea culpa et se tourner enfin vers les Tunisiens. Quant à l’opposition radicale, elle frise le ridicule ! La Tunisie de Ben Ali, elle, est sur la bonne voie. » Clap, clap, clap !
Avec ses 89,62%, Zine el-Abidine Ben Ali n’avait pas besoin de Sfeir pour se faire élire une cinquième fois le 25 octobre 2009. Mais le président du Centre d’études et de réflexions sur le Proche-Orient a tenu à commettre une tribune dans Le Figaro de l’avant-veille. À cette occasion, Antoine Sfeir se plaint de « nos intellectuels et nos médias (qui) ne vont pas manquer de fustiger à cette occasion (du vote) le régime du président Ben Ali, qu’ils présentent invariablement comme une caricature d’autocrate oriental ». Tout en concédant du bout de la plume que « la Tunisie a certainement un long chemin devant elle », le fin analyste insiste : « force est de reconnaître que le pays progresse régulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali. C’est un fait dont tous les organismes internationaux font état dans leurs rapports ». Et Sfeir de louer « cette ouverture et cet assainissement progressifs de la vie publique »… Prospère, youpla boum !
Alors que depuis le départ de Ben Ali, Antoine Sfeir répète à qui veut l’entendre que chacun connaissait les affaires de corruptions du président tunisien, le coquin préférait s’en prendre à certains médias étrangers. Les démocraties « peuvent sans doute se prévaloir d’une presse libre qui, en révélant au grand jour les scandales, se pose en mauvaise conscience, voire en accusateur public des dirigeants ; fonction prestigieuse qui exige de celui qui l’exerce une vertu toute romaine. Mais il arrive parfois que cette même presse, si prompte à dénoncer, omette de reconnaître qu’elle a accusé abusivement. »
Au moins, Sfeir s’en est-il pris à l’époque au financement occulte de nombreuses entreprises qu’il se met à dénoncer avec vigueur depuis une semaine… Que nenni ! En 2009, le directeur des "Cahiers de l’Orient" préférait ronchonner contre « ceux qui sont toujours les premiers à véhiculer les idées reçues sur la Tunisie » et « préfèrent passer sous silence (la chute de la pauvreté) pour ne pas avoir à réviser leurs anathèmes ». Car dans son publi-reportage de 2009, Sfeir vantait encore le modèle économique du système de Ben Ali : « Plus remarquable encore, la société tunisienne ne se contente pas d’appliquer le mot d’ordre de Guizot et de s’enrichir. Incitée par le régime, elle contribue avec lui à la mise en place et au fonctionnement de structures de solidarité comme le Fonds de solidarité nationale. Directement géré par le pouvoir, il est habilité à recevoir des dons internationaux, de la part de simples citoyens, d’entreprises publiques ou d’entreprises privées. Une loi de finances de 1996 stipule en outre que certaines taxes doivent être reversées à ce fond, et des mesures incitatives pour les entreprises tunisiennes ont également été instituées par le biais de crédits d’impôts. De sorte que, entre 1996 et 2006, 1,2 million de Tunisiens ont bénéficié de cette aide, qui redonne tout son sens à la notion de citoyenneté, si galvaudée ailleurs. » Aucune trace des 13% de taux de chômage ou du marché noir qui représente entre 15 et 20% de l’économie tunisienne. Pas une mention sur la corruption.
Modèle tunisien et "non-fracture sociale"
Août 2009. Avant de rentrer d’un séjour sous le beau soleil de Tunis, Antoine Sfeir accorde un entretien à « La Presse de Tunisie », quotidien dont le rédacteur en chef, nommé par l’ex-parti au pouvoir (RCD) vient d’être viré après des années de censure. Dans cet interview (repris en intégralité sur le site tunizien.com ; celui de « La Presse de Tunisie » étant fermé depuis la révolte), Antoine Sfeir ne se fait pas prier pour juger avec bienveillance le Président Ben Ali qui « a eu le mérite de privilégier, plutôt, l’être sur le paraître. » « Il y a une reconnaissance, à la fois, des opinions publiques et des gouvernements qui voient en la Tunisie un modèle à tous les niveaux, à savoir du Chef de l’Etat, du gouvernement et du peuple tunisien dans son ensemble », croit-il bon d’ajouter…
Attachez vos ceintures, Antoine Sfeir passe à la vitesse supérieure : « Je tiens à souligner que le modèle tunisien n’est pas uniquement celui de passerelle, mais aussi un modèle de non-fracture sociale au sein de la société tunisienne. Cette fracture qui ébranle, aujourd’hui, les sociétés européennes dans les pays les plus avancés et les plus riches. Or, sans richesse, la Tunisie a réussi à réduire ladite fracture grâce à des programmes adéquats et à des initiatives répétées du Chef de l’Etat. » Sacré modèle de "non-fracture sociale" !
Autre passage cyniquement cocasse lorsqu’on le relit un an et demi plus tard, celui dans lequel Antoine Sfeir décrit le monde des Bisounours : « Les visiteurs de la Tunisie, notamment les personnes âgées, viennent d’Europe admirer le climat de quiétude, de paix, de stabilité et de sécurité, et par voie de conséquence, y passer des jours paisibles ». Ou encore celui dans lequel les intellectuels voient dans la Tunisie « un exemple de réussite » notamment grâce à son système d’éducation. Pas mal pour un pays qui compte plus de 20% de jeunes diplômés au chômage. Tout en critiquant « les irréductibles dogmatiques ne veulent pas reconnaître qu’ils ont eu et ont tort », il rapporte « les résultats tangibles » en matière de droits de l’Homme.
« Il est naturel qu’après la révolution vienne le temps du règlement de compte », vient de soutenir Antoine Sfeir sur Europe 1 alors qu’on lui demandait comment il observait la chasse aux sorcières après le départ de Ben Ali. « Mais l’Histoire nous a montré que ce n’était pas la bonne solution. Il faut laisser se faire la période de transition, pour que vienne ensuite le temps des procès », a-t-il quand même ajouté. Ne battons pas le Sfeir tant qu’il est chaud. -----
Aomar
Nombre de messages : 212 Date d'inscription : 11/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Lun 24 Jan - 21:50
Résolue à poursuivre sa route jusqu'à la réalisation complète de ses objectifs, à savoir forcer le gouvernement en place à s'expurger de ses éléments issus de l'ancien régime, la révolte tunisienne, à présent renforcée par des milliers de partisans venus des profondeurs du pays, reste toujours debout. Hier, tous les manifestants ont carrément campé devant les locaux du premier ministère ; ils y ont même passé la nuit à la belle étoile en dépit du couvre-feu, bravant le froid, sous des couvertures empruntées chez les habitants du voisinage qui ont assuré d'ailleurs la subsistance.
Autant dire que la société tunisienne a fait montre d'une maturité exemplaire que l'on ne retrouve guère dans les pays voisins.
Aussi, grâce à sa cohésion, l'on annonce ce soir qu'un remaniement ministériel est attendu d'ici demain dans le pays. C'est le porte-parole du gouvernement transitoire qui l'a déclaré sans en préciser toutefois la teneur ni si les revendications des manifestants pourront être satisfaites.
Tout se décidera donc à la lumière de ce changement attendu avec impatience par tous.
Tinhinane
Nombre de messages : 233 Date d'inscription : 12/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Lun 24 Jan - 22:06
OTTAWA, 23 janvier - RIA Novosti
Un des frères de la femme de Ben Ali, son épouse, leurs deux enfants et leur gouvernante ont atterri vendredi matin, à bord d'un jet privé, à l'aéroport international de Montréal-Trudeau, pour s'installer dans un hôtel de la ville.
"Monsieur Ben Ali, les membres destitués de l'ancien régime tunisien et leurs proches ne sont pas les bienvenus au Canada", a indiqué un responsable.
Selon lui, si les autorités trouvent indésirable le séjour de certaines personnes arrivées récemment dans le pays, elles pourront prendre des "mesures adéquates" à l'encontre de ces dernières.
Le porte-parole a expliqué que les Tunisiens arrivant au Canada devaient avoir un visa valide et un tel visa n'était accordé que si l'agent canadien était convaincu que son titulaire quitterait le pays à son expiration. "Étant donné que les membres de l'ancien régime tunisien ne peuvent pas retourner en Tunisie, cela serait difficile", a souligné le porte-parole.
Cependant, selon le site canadien du National post, la fille du président déchu tunisien, Nesrine Ben Ali possède un immobilier au Canada, ayant acheté il y a deux ans une maison dans un quartier prestigieux de Montréal pour une bagatelle de 2,5 millions de dollars.
Akhroub
Nombre de messages : 227 Date d'inscription : 10/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Mar 25 Jan - 19:13
Les manifestants toujours en colère dans les rues de Tunis et principalement devant le siège du premier ministère s'en sont pris aujourd'hui à Moncef Marzouki, un vieil opposant du régime de Ben Ali qui vient juste de rentrer d'un long exil en France.
Tandis qu'il venait rendre une visite amicale aux groupes de manifestants se trouvant devant le premier ministère, certains d'entre eux l'ont vertement conspué et traité d'agent "à la solde des Français et des Américains" venu récupérer leur mouvement. Il a été ensuite éconduit et chassé comme un malpropre par des jeunes qui ne connaissaient apparemment pas le parcours de l'ex président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et du fondateur en 2001 du Congrès pour la République.
Marzouki, 65 ans, qui s'est d'ores et déjà déclaré candidat à la présidence de la République est un militant laïque de gauche qui a qualifié de "mascarade" le gouvernement d'union nationale actuel composé principalement d'anciens ministres du régime déchu.
Très accrochés à leur "révolution", les manifestants qui l'ont rabroué entendaient ne pas se laisser souffler leur victoire.
Lam
Nombre de messages : 182 Date d'inscription : 24/11/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Mer 26 Jan - 20:51
Un ex-ambassadeur assure que Paris était informé de la situation en Tunisie
LEMONDE.FR avec Reuters | 26.01.11 |
Le gouvernement français était parfaitement informé de la corruption et de l'exaspération de la population en Tunisie sous le président Zine Ben Ali et pouvait prévoir la situation qui a conduit à sa chute, déclare un ancien ambassadeur français, mercredi 26 janvier, dans une tribune publiée dans le journal Libération.
Yves Aubin de la Messuzière, ambassadeur de France en Tunisie de 2002 à 2005, explique dans cette tribune que l'ambassade avait informé Paris de la dégradation des libertés publiques, de la corruption et de l'exaspération de la jeunesse.
"EXPERTISE NÉGLIGÉE"
"Les autorités politiques françaises étaient donc parfaitement informées des dérives du système Ben Ali, qui rejetait toute référence à la question des droits de l'homme (...) L'expertise du Quai d'Orsay était négligée", écrit-il.
"Au cours de la décennie passée, les analyses de notre ambassade à Tunis et celles du Quai d'Orsay soulignaient régulièrement la dégradation des libertés publiques et la répression qui touchait les associations et les organisations non gouvernementales telles que la Ligue tunisienne des droits de l'homme, la première dans le monde arabe. Les rapports diplomatiques mettaient aussi l'accent sur l'exaspération et le mal-être de la jeunesse tunisienne, liés certes au problème de l'emploi mais aussi à l'absence d'espace et d'expression politiques", écrit l'ancien ambassadeur.
La menace islamiste brandie par le régime Ben Ali comme "prétexte pour s'abstenir de toute ouverture politique jugée déstabilisante", et reprise par le pouvoir français, était relativisée. "L'analyse diplomatique privilégiait le risque de mouvements sociaux à la menace islamiste", écrit l'ambassadeur.
Il estime que les propos de Nicolas Sarkozy en visite à Tunis en 2008 et évoquant un progrès des libertés publiques, "avaient suscité l'incompréhension et l'indignation". Il dit penser que les ambassades de la région et la France en général doivent changer leur stratégie et renouer des liens avec la société civile, distendus ces dernières années au profit d'un soutien des pouvoirs en place.
Faïza
Nombre de messages : 265 Date d'inscription : 12/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Ven 28 Jan - 21:40
Le gouvernement tunisien de transition, au terme de plusieurs jours de consultations, a été finalement remanié : les ministres de la Défense, de l'Intérieur, des Finances et des Affaires étrangères ont été remplacés par des technocrates inconnus du public tunisien. Il n'y subsiste plus que trois ministres de l'ancien régime : ceux de l'Environnement, du développement rural considérés comme étant des départements techniques sans rapport avec le côté politique et enfin le Premier ministre Ghanouchi.
Les manifestants campés depuis des jours devant les locaux de ce dernier ont fini par être délogés ce soir par la police à coups de gaz lacrymogènes. Bien qu'ils aient tenté de résister un moment, en lançant des pierres et des tessons de bouteilles sur les forces de l'ordre, ils ont quand même cédé et quitté les lieux bien avant le couvre-feu, abandonnant sur les lieux leurs affaires personnelles, permettant ainsi aux agents municipaux de nettoyer la rue de ses montagnes de détritus.
Kurt
Nombre de messages : 123 Date d'inscription : 27/04/2010
Sujet: Re: Ben Ali déchu Sam 5 Fév - 18:44
Trois commissions sont déjà sur pied à Tunis pour recenser en vue d'une indemnisation, d'une part, les victimes de la Révolution, pour recevoir, d'autre part, les plaintes des victimes de la corruption, et enfin pour réfléchir aux réformes électorales à introduire dans le cadre des prochaines élections législatives et présidentielles.
Selon le ministre de la Santé du gouvernement provisoire, le bilan provisoire des personnes tuées par balles, s'établit à 166, durant la période du 17 décembre 2010 au 25 janvier 2011. À quoi s'ajoutent 72 autres concernant des détenus. 47 victimes ont été recensées dans la seule ville de Tunis, 29 autres à Bizerte, 15 à Sousse, 12 à Kasserine, 6 à Sidi-Bouzid et le reste ailleurs. 1207 personnes ont été grièvement blessées, dont 693 par balles.
En majorité, tous les décès enregistrés se sont produits entre le 9 et le 17 janvier. Le 14 janvier, tout particulièrement et jour de la fuite du dictateur, 18 Tunisois ont été tués sur un total de 31 à l'échelle nationale. Les victimes ont été atteintes le plus souvent à bout portant par des policiers.
Le travail des commissions exige beaucoup de temps avant qu'elles ne déposent leurs conclusions définitives, d'autant qu'elles doivent se déplacer d'un point à un autre du territoire pour recueillir les témoignages et les vérifier.
avec LeMonde.fr
Oussan
Nombre de messages : 274 Date d'inscription : 05/04/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Sam 12 Fév - 22:51
Le Nouvel Observateur rapporte l'échange assez croustillant de propos du couple Ben Ali à l'aéroport au moment de son envol vers l'Arabie saoudite. Il éclaire d'un jour nouveau la cohésion de ce ménage fort singulier. Voici donc son article : *********************************************************************************** Le Nouvel Observateur - 9.02.2011
Exclusif - L'histoire secrète de la fuite de Ben Ali
Le dictateur tunisien a été poussé à l'exil par l'armée mais aussi par sa femme, la machiavélique Leïla. Grâce à des témoignages inédits, Sara Daniel fait le récit des derniers moments du président sur le sol de son pays. A lire dans le Nouvel Observateur cette semaine.
Il refuse de monter dans l'avion. Sur le tarmac de l'aéroport de Tunis, il résiste, se tord les mains, serre sa petite mallette noire, son seul bagage, essaie de rebrousser chemin vers la Mercedes noire qui vient de le déposer. Il supplie : "Laissez-moi, je ne veux pas y aller, je veux mourir ici dans mon pays." [...]
Ce vendredi 14 janvier à 17 heures, alors que la révolte gronde dans les rues de la capitale, Ben Ali ne veut pas partir. Il gémit, hagard. "Bordel de Dieu ! Tu vas monter !" C'est Ali Seriati, l'homme de l'ombre, le redouté chef de la police politique, compagnon de Ben Ali depuis trente ans, qui le bouscule et l'oblige à gravir les marches en jurant.
Aucun des militaires qui font cercle autour du petit groupe composé du président, de sa femme Leïla, de leur fils Mohamed, de sa fille Halima, du fiancé de celle-ci, du majordome Moustafa qui a tenu à les accompagner et de deux employées de maison philippines, n'a osé toucher le président. Avec la langue fleurie qu'elle affectionne, Leïla rudoie ce mari hébété dont les jérémiades l'exaspèrent maintenant qu'il a perdu son pouvoir : "Monte, imbécile, toute ma vie, il aura fallu que je supporte tes conneries !" ...
Le Nouvel Observateur raconte cette semaine comment le couple diabolique formé par la femme du président tunisien et le directeur de la sécurité, Ali Seriati, ont poussé Ben Ali vers la sortie. Jamais le président tunisien n'aurait accepté de décoller si Seriati ne lui avait pas juré que son départ n'était que temporaire. [...] Sériati et Leïla ont-ils cru sérieusement que le président ou sa femme pourraient revenir à la tête du pays ou savaient-ils déjà que leur sort était scellé ?
Sara Daniel (Nouvelobs.com)
Ghania
Nombre de messages : 273 Date d'inscription : 14/05/2007
Sujet: Re: Ben Ali déchu Jeu 12 Mai - 19:09
LEMONDE.FR avec µAFP | 11.05.11 |
Douze comptes appartenant à des proches de Ben Ali ont été saisis en France
Douze comptes appartenant à quatre proches du président tunisien déchu Zine El-Abidine Ben Ali ont été saisis en France pour un montant de 12 millions d'euros dans le cadre d'une enquête ouverte fin janvier, ont révélé mercredi 11 mai des sources proches de l'enquête.
La justice française a déjà saisi le 1er février un avion appartenant à la famille de l'ancien dirigeant tunisien dans le cadre de l'enquête visant à recenser et immobiliser les biens détenus en France par la famille de M. Ben Ali. Cette fois, la justice a saisi des comptes sur lesquels étaient placés 12 millions d'euros, a indiqué une source proche de l'enquête.
L'enquête avait été ouverte à la suite d'une plainte pour corruption, détournement de fonds et blanchiment d'argent déposée par trois ONG, Transparence international France, Sherpa et la Commission arabe des droits humains. "C'est une étape, mais c'est une goutte d'eau dans l'océan des détournements", a réagi, auprès de l'AFP, Me William Bourdon, avocat des plaignants et président de Sherpa. "La désignation d'un juge d'instruction s'impose pour enquêter dans ce dossier, comme c'est déjà le cas pour l'instruction sur les 'biens mal acquis'", a-t-il ajouté, en référence à une enquête sur les biens détenus en France par les proches de trois autres chefs d'Etat africains. Les associations plaignantes soupçonnent que la fortune des Ben Ali n'est "pas le fruit des seuls salaires et émoluments" du président déchu, et demandent un recensement des avoirs du clan Ben Ali et leur restitution au peuple tunisien.