Les USA mais aussi le monde s'installent dans une crise économique durable

La réunion du G7 (les 7 pays les plus riches : USA, Japon, Allemagne, France, Espagne, Royaume Uni) qui s'est tenue hier à Washington a principalement eu pour effet de coordonner les actions, entreprises jusqu'ici de façon dispersée, pour tenter de juguler la crise.

Le plan d'action en cinq points retenu prévoit de débloquer les marchés monétaires, de faciliter la collecte des capitaux auprès des investisseurs privés et public et enfin de déverrouiller le secteur de l'immobilier. Mais, la principale résolution adoptée, qui consiste à empêcher toute nouvelle faillite de banque, semble déjà quelque peu rasséréner le marché boursier. Au total, 15 faillites de banques ont été enregistrées aux USA, jusqu'ici.

Les chefs d'Etat de l'U.E. doivent, en principe, définir une politique commune à l'occasion de leur rassemblement prévu pour demain.

En toile de fond, cependant, l'on craint que la panique, qui s'est emparée de l'ensemble des places boursières, reprenne son action de sape. Car, ni les soutiens massifs aux banques déclarés à cor et à cri jusqu'à maintenant, ni la baisse des taux d'intérêts, ni les appels au calme proférés ici ou là par les autorités monétaires n'ont réussi, comme l'écrit l'AFP, à rétablir le calme.

Au bout de deux jours seulement d'euphorie sur les places financières internationales, un bouleversement inquiétant a, aujourd'hui, marqué l'évolution de la situation. Les gains enregistrés au lendemain des décisions prises par le G7 de préserver coûte que coûte le système financier, se sont quasiment effondrés depuis ce matin, après l'annonce, par Paulson, que son pays entrait désormais dans une période de récession. Or, il semble que d'autres pays, comme l'Allemagne, la France, l'Irlande, etc., sont également logés à la même enseigne. La croissance accuse un peu partout une chute considérable qui augure, naturellement, une relance préoccupante du chômage et une nette régression du PIB. D'ores et déjà, l'on enregistre une diminution des ventes, notamment en automobiles, qui ne manquera pas de se traduire par des licenciements de personnels, avec tous leurs corollaires sur la stabilité sociale.

Les chefs d'Etat européens, qui sont réunis d'ailleurs aujourd'hui et demain, devront plancher une nouvelle fois sur les mesures à prendre pour pallier ces retombées fâcheuses qui affecteront leur économie. Mais, parmi eux déjà, se pose le problème de l'adhésion de certains pays hostiles au type d'interventionnisme étatique retenu jusqu'ici. La Pologne, notamment, cet ancien pays socialiste, se dit particulièrement opposée à tout ce qui peut remettre en cause la doctrine libérale que, naguère, elle avait combattue des décennies entières.

Même les principaux pays d'Asie n'ont pas échappé à l'effet dominos généré par la crise américaine. Et l'on craint désormais qu'elle ne s'étende durablement partout ailleurs avec les conséquences désastreuses que l'on imagine.

Aujourd'hui encore les places financières internationales ont été secouées, parfois violemment, par une baisse généralisée.

Les assurances fournies récemment par l'U.E. et le G7 n'ont pas réussi à calmer la spéculation qui gagne manifestement en ampleur à travers l'ensemble des bourses de la planète.

La crainte de la récession particulièrement américaine, jointe à l'apparition d'indicateurs économiques inquiétants en Europe, inhibe manifestement les efforts déployés ici et là pour juguler la pression. Bien au contraire, celle-ci se fait encore plus pesante sur le pétrole. Ce dernier est désormais négocié sous la barre des 70 dollars, soit 67-68 exactement, provoquant du même coup le rapprochement de la date de réunion de l'OPEP. Prévue initialement pour le 18 novembre, celle-ci doit en principe se tenir le 24 octobre prochain, avec sans doute pour effet de réduire les quotas de production de pétrole. Il faut dire que l'incertitude pesant sur le développement de la crise contraint les opérateurs à ne s'engager que dans le très court terme.

Enfin, la perspective d'une faillite du dollar à l'horizon mi-2009, que les analystes commencent à ébaucher sérieusement, ne manquera pas de chambouler plus fortement encore, dans les prochains jours, toutes les données liées à la crise. Nous y reviendrons !

Les marchés financiers, restés complètement insensibles au changement instauré hier à la tête de l'administration américaine, continuent, imperturbables, de jouer au yoyo qu'ils semblent tant affectionner depuis ces dernières semaines. Après une série de hauts et de bas qui ont marqué leur évolution, les voici repartir en chute libre ce matin.

Sous l'effet conjugué des pertes notables d'emplois aux USA, des prévisions révisées à la baisse de la croissance en France, de la chute de la production industrielle en Espagne, d'une réduction de 23 % en octobre dernier des ventes de voitures au Royaume Uni les bourses accusent une baisse notable un peu partout dans le monde. Pas même la baisse du loyer de l'argent décidée dans les pays avancés n'aura donc contribué à ramener la sérénité dans la sphère financière. Autrement dit, les investisseurs ne sont encore pas convaincus de la portée des mesures décidées ici ou là.

Le pétrole lui-même est frappé de plein fouet par ces fluctuations instables. Il se négocie autour de 61 à 62 dollars aujourd'hui et ne semble point souffrir de la décision prise par l'OPEP d'en réduire les quantités à produire à compter du 1er novembre dernier.

Dans l'attente du sommet des principaux pays industriels qui doit se tenir le 15 novembre à Washington, les argentiers en sont encore à étudier, sans toutefois trouver jusqu'ici la formule magique capable de remettre durablement de l'ordre dans les affaires, les diverses solutions susceptibles de réunir le plus large consensus. Car, si l'Europe des 27 s'accorde, dans une doctrine séparée, de dénier au marché la capacité de s'autoréguler, les Etats-Unis, fidèles, eux, à l'esprit capitaliste le plus rigoureux, restent d'un avis contraire.

Selon le quotidien anglais, Le Financial Times, la compagnie américaine AIG, l'une des premières à avoir été ébranlée par la crise financière, et qui a été récemment secourue sur les fonds du contribuable américain, demande une rallonge des prêts obtenus ainsi qu'une révision du taux d'intérêt qui leur est appliqué.

Au total, AIG aura eu accès jusqu'ici à 122,5 milliards de dollars, au titre des prêts consentis par le Trésor américain, en contrepartie d'une prise de participation à son capital. Ces avances, remboursables avant 2010, sont assorties d'un taux d'intérêt de 8,5 %.

Comme AIG éprouve des difficultés à trouver des investisseurs capables de lui racheter une partie des activités dont elle veut se décharger, elle demande, d'un côté, un nouveau prêt et une prolongation à cinq au lieu de deux ans des délais de remboursement ; de l'autre, le bénéfice d'un alignement du taux d'intérêt qui lui est applicable au même niveau que celui retenu dans les concours offerts aux banques, soit 5 %.

Selon le journal français La Tribune, U.B.S. (Union des banques suisses), la banque européenne la plus atteinte par la crise des Subprimes, a reçu de l'Etat un concours à hauteur de 60 milliards de dollars, au titre du plan de sauvetage des banques et autres instituts financiers helvétiques menacés. L'on ne sait cependant rien des conditions exigées en contrepartie d'un financement de si grande importance.

Dans le même article, cependant, le quotidien économique, se référant à l'hebdomadaire suisse NZZ am Sonntag, commente l'affaire du bonus perçu par Peter Wuffli, ancien directeur général de l'UBS. Une somme de 8 millions d'euros touchée, au titre de ce bonus, de façon "imméritée" par l'intéressé, aurait été remboursée, suite aux pressions expressément exercées par les autorités suisses sur la banque.

Dans la sphère occidentale, il n'y a pas seulement qu'en Suisse où le gouvernement s'attèle depuis quelques semaines à lutter contre ces fameux parachutes dorés que les conseils d'administration versent à leurs dirigeants, parfois même sans aucun mérite. D'autres pays comme la France, l'Allemagne, etc., s'y emploient fermement aussi, avec le concours même des syndicats patronaux. Quand l'on sait, en effet, que des milliers de travailleurs sont, ici ou là, congédiés sans aucun pécule et livrés au chômage dans des conditions qui frisent l'indécence la plus hideuse, l'attribution de ces parachutes à des responsables, dont l'incompétence est souvent à l'origine de tels licenciements, soulève dans chaque cas de figure des montagnes d'indignation parfaitement justifiée.

AIG (American International Group) a publié ses résultats du troisième trimestre faisant ressortir une perte énorme de 24,5 milliards de dollars (contre un bénéfice de 3,08 milliards au 3è trimestre 2007).

Pour ne pas mettre la clef sous le paillasson, cet assureur a obtenu de la Réserve fédérale une rallonge portant désormais son emprunt à hauteur de 150 milliards au total, au lieu des 85 + 37,5 milliards retenu jusqu'ici.

L'Etat devra, à ce titre, acheter 40 milliards d'actions dites prioritaires d'AIG. Un dispositif plus complet permettra à l'assureur de répondre de ses dettes jusqu'à une certaine limite.

Fannie Mae, autre institution impliquée dans les financements à hauts risques des Subprimes, dégage, elle, une autre perte de 28,9 milliards de dollars au 3è trimestre (contre 1,4 milliard pour le 3è trimestre 2007). Dans cette nouvelle perte colossale, une provision de 21,4 milliards dite pour raison fiscale est incluse, selon les indications fournies à la SEC, l'organe régulateur de la Bourse, rapporte le quotidien français La Tribune.

Un important groupe américain, Circuit City, rangé dans la distribution de produits électroniques grand public annonce, ce matin, son dépôt de bilan. Il a demandé la protection de la loi sur les faillites, seule solution lui permettant, apparemment, d'engager sa restructuration et son développement.

Depuis quelques jours déjà, Circuit City annonçait la fermeture d'un magasin sur cinq, faute de ventes, et une réduction de 20 % des effectifs. Autrement dit, 155 points de vente seront désormais fermés.

Cette faillite s'ajoutant à celle, encore beaucoup plus importante, de General Motors également confronté à un manque criant de liquidités dû à la chute drastique de son chiffre d'affaires, apporte une nouvelle fois la preuve que les ventes de biens de consommation, véhicules chez l'un et produits ménagers chez l'autre, ont considérablement baissé aux Etats-Unis et que la récession frappe d'ores et déjà à la porte.

Tous les clignotants sont au rouge à présent, dans la plupart des pays avancés. Partout s'annonce un accroissement du chômage et la récession pointe à l'horizon pour un grand nombre.

La décision controversée prise par Paulson, secrétaire d'Etat à l'Economie US, de corriger l'affectation des fonds débloqués dans le cadre de la crise financière, est principalement à l'origine de la chute accusée ces derniers jours par les places financières internationales. Plutôt que de "racheter des actifs pourris, a déclaré Paulson, il est préférable d'investir carrément dans le capital des banques".

Il eût été, bien sûr, plus profitable pour le secteur financier de se débarrasser à bon compte des crédits hypothécaires liés aux subprimes, cause de la crise actuelle, en y engageant les fonds du contribuable. Mais, les gouvernements des pays touchés par la crise s'étant ravisés au dernier moment de la nécessité de contrôler les banques au lieu de compenser les fonds qu'elles ont hasardés en pure perte dans l'immobilier américain, il ne peut y avoir d'autre effet que celui d'accroitre l'embarras du milieu financier et, partant, de précipiter la récession un peu partout dans le monde.

Il faut dire que les actionnaires et autres gros détenteurs d'intérêts dans le circuit financier sont les premiers à pâtir de cette entrée massive de l'Etat dans le capital qu'ils se partageaient seuls. Leurs actions, réduites en peau de chagrin pour un grand nombre, ne sont plus porteuses des mêmes gains servis par le passé. Elles ne valent plus grand chose non plus à la Bourse, où leur cote a chuté bien souvent des 2/3 ou des 3/4. Les concours apportés par l'Etat aujourd'hui s'avèrent également trop chers à supporter. Et la conséquence inévitable va se traduire immanquablement dans le resserrement du crédit. Ce dernier devra être de plus en plus servi avec parcimonie et moyennant moult garanties.

Toute cette agitation se répercute naturellement sur les affaires. Les ventes en sont négativement affectées, entraînant ça et là des fermetures d'usines, des mises en chômage des travailleurs, des déficits budgétaires, etc. C'est pourquoi prépare-t-on avec frénésie la conférence des 20 pays les plus riches prévue pour le 20 novembre.

Dans le sillage des Etats-Unis qui ont déjà commencé à appliquer leurs premières mesures visant à juguler la crise économique, l’Europe, à son tour, arrête les siennes.

Dans un premier temps, après avoir baissé les taux d’intérêt d’un demi-point une première fois le 8 octobre dernier, et une seconde le 6 novembre, elle s’apprête, sur la demande de la France, à appliquer une nouvelle baisse encore d'un demi-point. Et la perspective de fixer ces taux à 2 % d'ici juin prochain est envisagée.

Ensuite, il est question de jouer sur la baisse également de la TVA, de façon à fouetter la consommation et soutenir la relance.

Enfin, un plan de relance à hauteur de 200 milliards d'euros, et non plus 130 comme il avait été initialement envisagé, devra être mis en place pour la période 2009 et 2010. Il représente 1,5 % du produit intérieur brut. Dans ces 200 milliards, cinq seront consacrés aux investissements destinés au développement de la "voiture propre". Dès 2011, il est en principe prévu que les membres de l'U.E. corrigeront les incidences budgétaires et envisager un retour à l'équilibre budgétaire des comptes publics.

Ce plan est destiné tout particulièrement à restaurer la confiance des consommateurs, relancer la demande et limiter l'impact de la récession sur les familles à faibles revenus.

D'ores et déjà, il est demandé, par ailleurs, aux Etats de rallonger les temps d'attribution des allocations chômage et de créer des incitations fiscales notamment pour protéger l'environnement ou lutter contre le réchauffement climatique.

Aux USA, Barack Obama parle d'une injection de 700 milliards de dollars dans l'économie et du soutien intensif à la consommation et au marché immobilier.

Signe de l'entrée en récession des USA, 250 000 emplois dans le secteur privé ont été perdus en novembre, contre 179 000 le mois précédent. Les spécialistes estiment qu'il faut remonter à 2001 et 2002 pour retrouver des chiffres aussi importants en matière de pertes d'emplois.

Deux secteurs, les finances et l'automobile, concentrent la majeure partie de ces suppressions de postes de travail. Le groupe bancaire Citigroup totalise à lui seul quelques 52 000 suppressions d'emplois. Et 39 000 autres suppressions se répartissent dans l'ensemble du système financier. Les difficultés du secteur de l'automobile traduisent par ailleurs le recul notable de l'investissement et de la consommation qui s'étend également aux services, l'ensemble drainant des licenciements en chaîne.

Comparativement à la France, comptant 60 millions d'habitants, qui vient de déclarer 45 000 pertes d'emplois le mois dernier, les Etats-Unis, dont la population est quatre fois plus élevée, ont donc davantage perdu d'emplois.

De tous les pays de l'U.E., l'Espagne est désormais le plus touché au plan économique. Après avoir comptabilisé 192 000 nouveaux chômeurs en octobre dernier, il vient de rajouter, en novembre, 171 000 autres. Au total, le pays frôle les 3 millions, avec 2 989 269 exactement, pour une population de 46 millions. C'est apparemment le taux de chômeurs le plus élevé et donc le plus préoccupant de toute l'Europe.

Les plus gros effectifs de chômeurs appartiennent, comme il fallait s'y attendre, aux secteurs du bâtiment et du tourisme. Des dizaines de milliers de logements programmés dans l'euphorie du boom économique et aujourd'hui achevés ne trouvent pas preneurs. La mévente bloque les constructions nouvelles et jette à la rue des dizaines de milliers de travailleurs du secteur. La crise, en s'étendant à toute la planète, se répercute notablement aussi sur le tourisme.

L'automobile, dont la mévente frappe durement l'Espagne, recense, de son côté, de très nombreux licenciements. Car, à côté des fabricants eux-mêmes qui sont directement atteints, des milliers d'intermédiaires vivant de l'automobile sont également ébranlés.

Le plus inquiétant est que la situation continuera, selon les analystes, à se dégrader jusqu'à la mi-2009. Et le projet de Zapatero de créer 300 000 emplois en 2009, en injectant dans l'économie 11 milliards d'euros, ne pourra pas même combler les pertes d'emplois de ces deux derniers mois.

En fait, selon les indications fournies par le département du Travail américain, c'est 533 000 emplois totaux qui ont été perdus aux USA, en novembre dernier, contre 320 000 en octobre et 403 000 en septembre. Le taux de chômage dans le pays s'établit désormais à 6,7 %, un niveau atteint il y a 15 ans. Depuis décembre 2007, 2 millions de chômeurs supplémentaires sont enregistrés comme conséquence directe de la crise, doublée de la récession. Au total, les USA recensent plus de 10 millions de chômeurs, dont 2,2 millions se détachent comme chômeurs de longue durée.

Tous les secteurs de l'économie semblent être concernés par cette remontée du chômage. L'industrie a perdu 163 000 emplois et les services 370 000.

L'on s'attend à de nouvelles pertes d'emplois dans les prochains mois.

Barack Obama, qui a déjà annoncé son plan de relance économique doté d'une enveloppe de 500 milliards de dollars, a d'ores et déjà appelé à des mesures urgentes pour faire retrouver leurs emplois à ceux de ses compatriotes qui les ont perdus.

Il importe de noter, par ailleurs, que, dès l'annonce de ces nouveaux chiffres, les bourses ont aussitôt réagi négativement un peu partout dans le monde.

General Motors et Chrysler, deux des trois constructeurs automobiles américains en situation difficile, sont menacés désormais de faillite. Hier, le Sénat, par 52 voix contre 35, a repoussé le prêt d'urgence, de 15 milliards de dollars, qui leur était destiné. Pourtant, la Chambre des représentants, de son côté, avait approuvé cette aide concoctée d'un commun accord avec la Maison Blanche.

C'est principalement le camp républicain qui s'est opposé à l'octroi de cette bouée de sauvetage aux fleurons de l'industrie automobile américaine. En particulier, les sénateurs Richard Selby, de l'Alabama, et Jon Kyl, d'Arizona ont estimé que cet argent serait gaspillé. Ils veulent que les "Big Three" (GM, Ford et Chrysler) alignent le coût de leur main d'œuvre sur celui des constructeurs étrangers, notamment japonais, installés aux Etats-Unis, indique le journal Le Figaro.

Apparemment, le personnel de ces constructeurs américains est surpayé, par rapport à celui des concurrents japonais, comme Toyota, Honda et Nissan. Il bénéficie aussi d'avantages en matière de santé et de retraite nettement supérieurs.

Pour G.M. et Chrystler, il ne reste plus qu'à se placer sous la protection de la loi sur les faillites. Ces entreprises pourraient ainsi se donner le temps d'un répit, qui suspend provisoirement les remboursements de dettes et les poursuites éventuelles, et qui leur permet de se restructurer. Leurs dirigeants respectifs, beaucoup plus préoccupés par les retombées négatives qu'implique cette marginalisation, ne semblent pas disposés à se ranger à cette extrémité. Ils craignent notamment que celle-ci se traduise par des pertes considérables de leur part de marché qui précipiteront leur déclin voire leur disparition.

D'ores et déjà leurs ventes sont en chute libre. En novembre, elles s'établissent à 41 % en moins pour G.M., 30 % pour Chrysler et 47 % pour Ford.

Certes déçue par la prise de position du Sénat sur le dossier des constructeurs automobiles demandant de l'aide, la Maison Blanche entend reprendre l'initiative. Elle se prépare à pomper dans les 700 milliards du Plan Paulson réservés au secteur financier, pour venir à la rescousse des entreprises G.M., Chrysler et Ford.

Il n'est pas question de laisser s'effondrer ces dernières, a déclaré en substance la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. Déjà, à la seule annonce du rejet prononcé par le Sénat hier, la Bourse de New York s'est effondrée, provoquant aussi la chute du dollar et des répercussions négatives dans les milieux financiers locaux et internationaux.

Il faut dire que General Motors, en particulier, n'est pas une simple firme de taille secondaire. C'est un géant industriel qui contrôle, si ma mémoire est bonne, une centaine de divisions dont au moins quatre ou cinq activent dans l'automobile. Il fut un temps où elle se classait en première position dans le monde, par ses effectifs, son chiffre d'affaires et ses capitaux investis.

Faute d'ailleurs par l'Etat de lui venir en aide rapidement, ce mastodonte a déjà pris la résolution de faire des coupes sombres dans sa production du prochain trimestre. Et dans ce cas, des dizaines de milliers d'ouvriers seront automatiquement placés au chômage, du moins provisoirement.

BMW n'est pas non plus à l'abri de la crise qui affecte le secteur de l'automobile à l'échelle mondiale. Ses ventes ont baissé de plus de 24 % en janvier dernier ; ce qui l'a conduit à mettre au chômage partiel 26 000 de ses salariés, durant les mois de février et mars.

Certes, ses résultats pour 2008 resteront, selon ses dirigeants, positifs, puisque seules les dernières semaines de l'année dernière ont été affectées par la mévente. Mais, pour l'année en cours, les dégâts commencent à peser lourd.