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Par RFI
L'homme de Néandertal cuisait sa nourriture et consommait des végétaux tout comme l'homme moderne ! Une étude remet en question la théorie selon laquelle les Néandertaliens n'étaient que des carnivores, ce qui aurait constitué une cause avancée de leur disparition il y a quelque 30.000 ans. Une nouvelle étude, publiée ce 27 décembre 2010 dans les Annales de l'Académie américaine des Sciences (PNAS), fait apparaître nos cousins disparus sous un nouveau jour.
Apparu en Europe et au Proche-Orient quelque 300 000 ans avant notre ère, l'homme de Néandertal a coexisté environ 10.000 ans avec l'humain anatomiquement moderne, l'Homo sapiens, avant de s'éteindre pour des raisons qui font toujours l'objet d'un débat au sein de la communauté scientifique.
Longtemps les chercheurs ont considéré qu'Homo sapiens devait sa survie à sa faculté d'adaptation à l'environnement et à la diversification de sa nourriture, consommant outre la viande, à la fois des végétaux, des poissons et des fruits de mer selon l'endroit où il se trouvait.
L'étude a été effectuée à partir d'analyses de particules de nourriture enfermées dans des plaques de tartre sur sept dents fossilisées de Néandertaliens dont trois qui provenaient du site archéologique irakien de Shanidar 3 et quatre des cavernes de Spy 1 et Spy 2 en Belgique. Les chercheurs, sous la direction de Dolores Piperno du département d'Anthropologie du musée d'Histoire naturelle américain Smithsonian, ont découvert des grains d'amidon provenant de nombreuses plantes dont une herbe sauvage, différents légumes, des racines et des tubercules.
Ils rendaient leurs aliments plus comestibles et plus riches sur le plan nutritionnel
Un grand nombre de ces aliments ont subi des modifications physiques correspondant à la cuisson, notamment des grains d'amidon, ce qui laisse penser que l'homme de Néandertal maîtrisait le feu à l'instar des premiers humains modernes. Ses dents contenaient également des particules de datte et de l'amidon provenant de beaucoup d'autres végétaux que les chercheurs tentent encore d'identifier.
Des objets en pierre n'indiquent toutefois pas que les Néandertaliens utilisaient des outils pour broyer les graines. Dès lors, ils ne pratiquaient probablement pas l'agriculture. Mais « ces indices montrent que les Néandertaliens consacraient du temps et des efforts à rendre leurs aliments plus comestibles et a en accroître la valeur nutritionnelle », jugent ces chercheurs qui estiment que : « Toutes ces données montrent que l'homme de Neandertal était sophistiqué dans sa façon de recueillir et préparer sa nourriture que ce soit pour chasser des animaux de grande taille ou récolter et préparer des aliments à base de végétaux ».
Selon ces anthropologues, les adaptations majeures dans l'acquisition et la préparation de la nourriture chez les hominidés, à savoir la cuisson des aliments à base de végétaux - qui a ouvert la voie à l'agriculture - étaient déjà en place dès la fin du Paléolithique moyen, c'est-à-dire il y a environ 50 000 ans. De ce fait, concluent les auteurs de l'étude : « l'exploitation de ces variétés de végétaux pour produire des aliments n'était pas une nouvelle stratégie développée par les premiers hommes modernes précurseurs des agriculteurs ».