Depuis que l'humoriste français Dieudonné M'bala M'bala, d'origine camerounaise, a tenu des propos sinon insultants du moins peu amènes et très dérangeants à l'endroit des Juifs et de la Shoah, il est devenu quasiment la bête noire à abattre en France.
Mais, tenace, l'artiste résiste et continue de clamer haut et fort ses convictions.
Cependant, à Genève où la ville lui a refusé de se produire en ce mois de décembre, la plus haute juridiction suisse qu'il a saisie de ce refus, motivé par ses attitudes d'antisémite, lui donne raison, dans un arrêt rendu aujourd'hui, d'après une dépêche AFP reprise par Le Monde. "Que Dieudonné ait à plusieurs reprises, par le passé, eu des attitudes provocatrices et tenu des propos choquants ne permet pas d'interdire qu'il se produise en public", indique l'arrêt. "Il résulte de ce qui précède que la décision de la ville de Genève consacre une violation de la liberté d'expression", poursuit-il.
Déjà en mai 2010, ajoute encore la dépêche, un tribunal administratif avait déjà donné gain de cause à l'humoriste, et la ville de Genève avait tenté un recours devant le Tribunal fédéral, en faisant valoir que "le refus de louer la salle à Dieudonné était justifié par le risque important de troubles à l'ordre public...".
La ville avait encore argué de son incapacité de s'immiscer dans une affaire liée au choix d'un théâtre "régi par les règles de droit privé", pour ne pas assurer au plaignant "les droits fondamentaux" réclamés. Là encore, le tribunal fédéral a rappelé le défenseur à l'ordre en lui notifiant par un arrêt spécifique: "quiconque assume une tâche de l'Etat est tenu de respecter les droits fondamentaux".
Si, en France, la justice est malléable, comme bien d'autres affaires l'ont suffisamment démontré, pour avoir condamné à plusieurs reprises et avec un suivisme déroutant Dieudonné pour ses propos jugés antisémites, en Suisse, la justice est moins influençable et surtout très libre d'exprimer en conscience le droit dans toute sa plénitude et sa diversité.