S’il y a un point, défendu par Ouyahia, ancien chef du gouvernement, à propos du blocage des salaires, c’est bien le seul, probablement, où il a sans nul doute raison.
L’Algérie ne produit rien, en dehors du pétrole à valeur ajoutée nulle, et n’exporte rien qui puisse justifier, en effet, que, péremptoirement, l’on décide, en totale contradiction avec les orientations du FMI, d’augmenter les salaires de la fonction publique, après avoir, au début de l’exercice en cours, relevé, dans les mêmes conditions, le niveau du Smig de 20 %.
D’une part, les effets de ces augmentations s’annulent par le simple jeu de la hausse des prix, observée tout particulièrement ces derniers mois au niveau des produits alimentaires, en raison de la stagnation voire de la chute de la production nationale. Ensuite, l’incidence a venir des relèvements projetés au profit du million et demi de fonctionnaires ne tardera pas, par un automatisme immédiat, d’affecter en hausse l’ensemble des produits et services.
Sachant, en outre, qu’inversement se développent, à une cadence effrénée, dans le pays, à la fois le travail au noir et la fraude fiscale, parallèlement à une mise en sommeil durable de l’ensemble de l’économie, entraînant ipso facto une hausse vertigineuse du chômage, ne peut-on pas dès lors considérer que le geste ainsi consenti, en retour de manivelle, à une UGTA en complet déphasage avec sa mission de défense réelle des intérêts des travailleurs, n’est finalement qu’un acte simplement inspiré par la démagogie ambiante qui caractérise l’actuelle gestion des affaires publiques ?
Dans un pays naviguant à vue, faute d’objectifs consensuels et surtout de pilotes compétents, a-t-on seulement envisagé un éventuel retour de bâton toujours possible dans cette ascension inopinée, et sans doute aléatoire, des prix pétroliers ? Et, dans un tel cas, qui financera alors ces augmentations aussi inopportunes qu’insupportables dans un Etat perdu entre la mégalomanie (l’Algérie a signé déjà des contrats d’armement sans commune mesure avec ses vrais besoins à court et à moyen terme) et le choc d’une misère indécente qui propulse dans la rue des centaines de milliers de citoyens pour faire la manche ?