Al.P. (avec Reuters) - leJDD.fr - Samedi 11 Décembre 2010
Les 200 pays réunis à Cancun, au Mexique, ont trouvé samedi matin un accord sur le changement climatique, qui prévoit notamment une aide aux pays en voie de développement. Le processus de négociation onusien, très critiqué depuis l'échec de Copenhague, est donc relancé. Mais l'avenir du protocole de Kyoto, qui prend fin en 2012, reste en suspens.
Les négociateurs peuvent souffler. Après douze jours de discussions, les 200 États réunis à Cancun, au Mexique, ont finalement trouvé un accord sur des mesures de lutte contre le réchauffement climatique, ce qui semblait assez inespéré. Après l'échec du sommet de Copenhague l'an passé, les négociations étaient dans l'impasse et, jusqu'au dernier moment, les désaccords entre pays riches et pauvres ont persisté dans la station balnéaire mexicaine. Samedi matin, c'est donc à l'arraché qu'un compromis a été adopté. Principal point fort de cet accord: la création d'un "fonds vert pour le climat", qui doit aider les pays pauvres à s'adapter au changement climatique et à ses conséquences, sécheresse ou montée des eaux. L'objectif est de lever 100 milliards d'euros par an à partir de 2020, mais l'origine de ces fonds, que gèrera la Banque mondiale, n'est pas encore déterminée. Des mesures pour la protection des forêts tropicales et le partage de technologies vertes ont aussi été adoptées.
"Une bouffée d'oxygène"
De quoi susciter un franc soulagement du côté des Nations unies: "C'est assez historique", est allée jusqu'à se féliciter Christiana Figueres, directrice du secrétariat au Changement climatique de l'ONU. Il faut dire qu'une impasse à Cancun aurait porté un sérieux coup au processus de négociation onusien, déjà très critiqué depuis Copenhague. Les ministres présents n'ont pas non plus manqué de se féliciter: "C'est une nouvelle ère dans la coopération internationale sur le changement climatique", a ajouté la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, qui a joué un rôle important dans cet accord. "Le dialogue multilatéral est sauvé de l’enlisement et de la faillite", se réjouit la ministre française de l'Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, dans un communiqué. "Le plus important est que le processus multilatéral a reçu une bouffée d'oxygène, il avait atteint le niveau zéro", a aussi déclaré Jairam Ramesh, ministre indien de l'Environnement. Seule la Bolivie a refusé de signer ce compromis, jugé insuffisant.
"Le climat devra attendre"
Il est vrai que l'essentiel reste en suspens. Pour parvenir à cet accord partiel, les États ont mis de côté leurs différends sur l'avenir du protocole de Kyoto. Ce texte, qui fixe des objectifs contraignants de réduction de gaz à effet de serre (GES) aux pays industrialisés, à l'exception des États-Unis, prend fin en 2012. Il est donc urgent de s'accorder sur la suite à lui donner. Problème, jusqu'ici, des pays comme le Japon, la Russie ou le Canada qui refusaient de continuer à faire des efforts si d'autres pays émetteurs de GES, à commencer par les États-Unis, la Chine et l'Inde, ne s'engageaient pas avec eux. De leur côté, les pays émergents soutenaient que les pays riches, historiquement responsables de l'accumulation de GES, devaient faire plus d'efforts avant qu'eux-mêmes ne s'engagent, ce qui mettrait à mal leur développement.
A Cancun, les pays ont rapproché leurs positions. Ils ont avancé sur la base d'un possible accord futur, en réaffirmant la nécessité de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l'époque pré-industrielle. La Chine, qui s'y refusait jusqu'ici, s'est notamment engagée à réduire ses émissions de façon vérifiable. Mais de nombreux détails doivent encore être réglés avant 2012. Les ONG de défense de l'environnement se veulent donc plus modérées que les gouvernements sur le bilan de ce sommet mexicain. "Les gouvernements ont montré qu'ils pouvaient collaborer", a reconnu Wendel Trio, de Greenpeace, tout en ajoutant: "Cancun a peut-être sauvé le processus mais pas encore le climat". Le Réseau Action Climat va dans le même sens: "A Cancun, l'ONU retrouve des couleurs, mais le climat devra attendre". La prochaine conférence de l'ONU sur le climat est prévue fin 2011 à Durban, en Afrique du Sud.
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