En marge d'une émission de LCP consacrée cet après-midi à la guerre d'Algérie, l'ancien préfet de police Teitgen s'est expliqué sur les raisons de sa démission déposée au moment fort de la bataille d'Alger menée par la 10è division de parachutistes du général Massu. L'on se rappelle, en effet, que le socialiste Guy Mollet, président du Conseil, avait fait voter courant mai 1956 une loi, y compris par les communistes, qui donnait des pouvoirs spéciaux à l'armée pour ramener le calme à Alger.
Teitgen, à qui l'on avait signalé que 24 000 Algériens musulmans avaient été arrêtés dans le Grand Alger par les parachutistes et la police (sic) parce qu'on les soupçonnait d'avoir pris fait et cause pour la rébellion, n'avait pas été satisfait des réponses fournies quant au sort réservé à ces prisonniers. Les autorités militaires ayant prétendu que 4000 des suspects arrêtés se trouvaient répartis dans des camps de regroupement situés hors de la zone algéroise, le préfet de police s'est enquis personnellement auprès de ces camps pour vérifier la véracité des assertions avancées.
N'ayant pas pu obtenir confirmation de ces dernières, Teitgen a carrément rendu son tablier, considérant que les personnes arrêtées, se trouvant être de nationalité française, n'avaient pas à subir un traitement aussi barbare que celui qu'on leur avait infligé : "par dizaines ou par centaines ces malheureux ont été lestés par des cailloux fixés à leurs pieds et jetés en mer du haut du ciel à partir des hélicoptères dans lesquels on les avait chargés", a-t-il déclaré.
Cet épisode fort peu honorable de la guerre menée contre des civils sans défense par le tortionnaire Massu et ses acolytes est en effet parfaitement exact. Jusqu'aux profondeurs du pays, cette information avait largement circulé de sorte que les jeunes préféraient rallier immédiatement les troupes du maquis que de courir le risque de subir un sort comparable, les tortures et les corvées de bois se généralisant au fil des jours.
Pour tous ceux qui ont vécu réellement les différentes phases de cette guerre atroce, inégale et injuste que les sanguinaires de l'armée française bassement vaincus en Allemagne puis en Indochine avaient engagée avec toute la force de leurs tripes contre des "indigènes" pour ne pas dire des gueux incultes et désarmés, beaucoup reste à écrire et révéler qui frappe bien davantage l'imagination.