L'Afghanistan au coeur du sommet de l'OTAN

LISBONNE (AP) — Les dirigeants des 28 pays membres de l'OTAN se sont retrouvés vendredi à Lisbonne pour un sommet de deux jours destiné à dessiner l'Alliance post-Guerre froide du XXIe siècle. Il y est surtout question d'Afghanistan, de bouclier anti-missile en Europe, mais aussi de lutte contre la piraterie et de cyber-guerre.

L'OTAN commencera à retirer ses troupes d'Afghanistan en juillet 2011 et son rôle dans les combats prendra fin d'ici 2014, comme le souhaite le président afghan Hamid Karzaï, voire plus tôt si la sécurité peut être confiée aux Afghans, a déclaré vendredi le Haut représentant civil de l'Alliance en Afghanistan. "Nous pensons que cet objectif est réaliste et nous avons dressé des plans pour l'atteindre", a affirmé Mark Sedwill, sans dire combien d'hommes demeureraient sur place après 2014, en tant que conseillers militaires et formateurs.

L'Afghanistan, qui est entré dans sa dixième année de guerre, connaît un regain de violence sous la poussée des talibans. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton a eu un entretien "amical" avec le président Karzaï pendant une heure vendredi à Lisbonne, selon un responsable du ministère des Affaires étrangères ayant requis l'anonymat.

Les dirigeants de l'OTAN devraient approuver samedi le plan du général David Petraeus, commandant des forces américaines et alliées en Afghanistan, qui prévoit le transfert de la sécurité aux forces afghanes l'an prochain. M. Obama a déclaré au journal espagnol "El Pais" qu'il espérait obtenir de ses homologues la promesse de formateurs supplémentaires pour les forces de sécurité afghanes.

Hillary Clinton a également exhorté les Européens à poursuivre leur action en Afghanistan bien qu'ils doivent sabrer dans leurs budgets, en faisant valoir que le "président Obama prend aussi des décisions difficiles pour l'économie" américaine.

A Lisbonne, M. Obama défendra d'ailleurs, lors d'entretiens avec ses homologues européens samedi, son choix de dépenser pour favoriser la relance économique, à l'heure où l'Europe opte pour des programmes d'austérité drastique.

La plupart des pays européens ne consacrent déjà pas à la défense les 2% minimum de leur produit intérieur brut (PIB) recommandés par l'OTAN. Le dernier budget américain de la défense s'élève à plus de 710 milliards de dollars, contre environ 280 milliards pour l'ensemble des Européens.

L'OTAN dispose de 140.000 soldats en Afghanistan, dont deux tiers d'Américains. Les forces de sécurité gouvernementales devraient être portées à un peu plus de 300.000 hommes, sachant que les talibans seraient jusqu'à 30.000. Les Alliés ont marqué des points dans les provinces du Helmand et de Kandahar (sud), mais ils ont perdu un record de 650 hommes cette année, et les talibans ont gagné d'autres parties du pays.

En ce qui concerne la défense, des responsables de l'OTAN disent tabler sur un soutien unanime des Alliés au projet de Barack Obama de nouveau système étendu de défense anti-missile en Europe, basé sur le bouclier existant pour défendre les unités militaires en cas d'attaque. Les Etats-Unis possèdent déjà un système de défense anti-missile principalement basé en Amérique du Nord.

Le bouclier étendu coûterait 200 millions d'euros (273 millions de dollars) sur les dix prochaines années, selon le secrétaire général de l'OTAN, Fogh Rasmussen, qui souhaite obtenir la coopération de la Russie, initialement réticente car elle craint un affaiblissement de son propre arsenal de dissuasion. Un aparté OTAN-Russie est prévu samedi avec le président Dimitri Medvedev.

Les dirigeants de l'OTAN se gardent de nommer l'ennemi potentiel, mais des responsables ont par le passé montré du doigt l'Iran et son programme de missiles balistiques.

Le programme du sommet de Lisbonne reflète l'évolution du monde depuis la création de l'OTAN en 1949, pour lutter contre la menace d'une invasion soviétique, et 20 ans bientôt après l'effondrement de l'URSS.

La déclaration sur la nouvelle mission de l'Alliance qui devait être adoptée vendredi porte aussi sur la cyber-guerre et les missions hors de la zone d'action traditionnelle de l'Europe, notamment les patrouilles anti-pirates au large des côtes de la Somalie.

La précédente doctrine stratégique date de 1999, peu après la fin de la Guerre froide et avant les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis qui ont amené l'Alliance à faire la guerre en Afghanistan. Ce concept se concentrait surtout sur les missions de maintien de la paix, notamment en Bosnie et au Kosovo.
AP
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20101119.FAP1261/l-afghanistan-au-coeur-du-sommet-de-l-otan.html

Au nombre des décisions prises au cours de ce sommet, le transfert aux forces afghanes de la responsabilité des combats contre les Talibans a été retenu. Il s'étalera progressivement de la mi-2011 à 2014.

Ce désengagement laissera place cependant à un partenariat à long terme avec Kaboul, qui suppose, entre autres missions, la formation de ses troupes.

Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a résumé comme suit l'approche arrêtée. "Nous avons lancé le processus par lequel le peuple afghan va redevenir maître de sa propre maison", a-t-il déclaré avant d'ajouter : "Avec le président afghan Hamid Karzaï, nous nous sommes entendus sur un partenariat de long terme qui va perdurer au-delà de notre mission de combat".

Durant donc la période de transition, les forces de l'OTAN n'exerceront qu'un rôle de soutien à l'armée afghane. Elles cesseront donc de prendre elles-mêmes l'initiative des combats, mais veilleront à ce que "le travail soit fini", autrement dit que les Talibans soient exterminés.

Or, c'est précisément cette finalité que rejettent ces derniers, plus confiants que jamais en leur victoire finale. "Il apparaît clairement qu'après neuf ans d'occupation, les envahisseurs sont voués au même sort que ceux qui ont emprunté la même voie avant eux", affirment-ils dans un communiqué envoyé par courriel. "L'augmentation de leurs troupes, leurs nouvelles stratégies, leurs nouveaux généraux, leurs nouvelles négociations et leur nouvelle propagande n'ont eu aucun effet", poursuit le communiqué.