AFP - Le Figaro 14/11/2010
Jean-Luc Godard est entré hier soir au Panthéon d'Hollywood lors de la cérémonie des Governors Awards, en reçevant un Oscar d'honneur et l'hommage appuyé d'un parterre de stars.
Le cinéaste franco-suisse, qui n'est pas allé à Los Angeles recevoir sa statuette, a été distingué pour "la passion, le défi et la création d'un nouveau type de cinéma", selon l'Académie des sciences et techniques du cinéma.
Les Governors Awards marquent depuis leur création en 2009 le début de la saison des prix à Hollywood, avec la remise des Oscars d'honneur - auparavant décernés lors de la cérémonie télévisée des Oscars.
"Jean-Luc Godard n'a pu se joindre à nous ce soir. C'est regrettable", a déclaré en ouverture de cérémonie Tom Sherak, le président de l'Académie. "Mais son absence ne diminue en rien notre respect et notre estime pour son travail de cinéaste, et je veux que vous sachiez que ce prix représente beaucoup pour lui", a-t-il ajouté à l'adresse d'une salle où avaient notamment pris place Robert De Niro, George Lucas, Kevin Spacey, Kathryn Bigelow, Oliver Stone, Clint Eastwood, Natalie Portman, Warren Beatty et Annette Bening.
"Il a bouleversé les règles"
Le scénariste Phil Robinson a déclaré avec humour que "Godard avait changé la façon d'écrire, de réaliser, de tourner et de monter. Il n'a pas seulement bouleversé les règles. Il les a écrasées en voiture avant de repasser dessus en marche arrière pour être sûr qu'elles soient bien mortes".
Et c'est à la documentariste Lynne Littman qu'est revenu le soin d'aborder le Godard "politique" - dont les positions controversées sur Israël et les Juifs avaient amené une partie de la presse américaine à s'interroger sur le bien-fondé de son Oscar. "Godard n'a jamais utilisé son art pour promouvoir le sectarisme", a-t-elle affirmé. "Aujourd'hui encore, il se comporte mal. Mais j'aime à penser que pour la première fois ce soir, cela peut vous rapporter un Oscar".
Le dernier mot a été donné à Vincent Cassel - de passage à Hollywood pour défendre "Black Swan" de Darren Aronofsky - qui a rappelé l'influence du cinéaste de 79 ans sur "des générations de cinéastes", avant d'ironiser sur sa personnalité "lumineuse et solaire", alors qu'apparaissait à l'écran une photo du cinéaste, plus ombrageux que jamais.