Accoyer, le président de l'Assemblée nationale française, prétextant la séparation constitutionnelle des pouvoirs législatif et judiciaire, a refusé catégoriquement de communiquer à la justice, sur sa demande, les comptes rendus des auditions parlementaires consacrées à l'attentat de Karachi.
Les parties civiles se proposent par conséquent d'introduire une plainte en justice contre Acccoyer pour obstruction à la justice. "En accord avec mes clients (plusieurs familles de victimes de l'attentat de Karachi), nous allons déposer plainte pour délit d'entrave à la justice car nous estimons que l'argument avancé par Bernard Accoyer est fallacieux", a déclaré à l'AFP Me Olivier Morice.
"En réalité, le président de l'Assemblée nationale protège un certain nombre d'hommes politiques des investigations du juge Trévidic", a déploré cet avocat.
Parmi les personnalités mises en cause dans les dessous-de-table qui sont à la base de cette affaire, et qui avaient été, semble-t-il, négociés avec certains responsables relevant du gouvernement pakistanais de l'époque, Edouard Balladur, candidat à l'élection présidentielle de 1995, tient une place privilégiée. C'est à sa campagne électorale qu'auraient été destinés les fonds obtenus. Mais le personnage le plus visé dans ces sombres trafics est encore Sarkozy qui, en tant que directeur de campagne de Balladur, avait alors en charge la négociation et la manipulation des fonds.
Pour se venger de la félonie de Balladur qui lui avait coupé l'herbe sous les pieds en se présentant contre lui, Jacques Chirac, sitôt élu président de la République, avait fait obstacle au recouvrement des soldes de dessous-de-table attendus. Un tel blocage avait provoqué par suite la colère des partenaires pakistanais, lesquels, pour se venger de leurs partenaires français "ingrats", auraient plus tard combiné l'attentat de Karachi qui avait causé la mort d'une quinzaine de spécialistes français.
La justice française saisie depuis lors pour clarifier les circonstances de ce drame, sur plainte des parties civiles et des familles de victimes de l'attentat, peine jusqu'ici à reconstituer la trame des événements, des obstructions étant visiblement activées à un haut niveau de l'État français facile à deviner.