Cette histoire me renvoie à une autre, entendue au début des années 80 dans une émission nocturne de RFI présentée alors par feue Macha Béranger, l'animatrice à la voix d'or qui captivait alors des années durant un auditoire fort nombreux.
Il s'agit de celle, personnelle, d'un vieil homme suisse de plus de soixante-dix ans qui l'avait racontée en direct au téléphone. Amoureux fou du volant, disait-il, il s'était cassé la gueule cinq ou six fois, se retrouvant tantôt avec de simples fractures, tantôt sérieusement amoché pour être hospitalisé pendant des semaines. Mais, à la dernière, soulignait-il, les dégâts subis étaient si sérieux qu'à l'hôpital on l'avait considéré comme cliniquement mort au bout de multiples examens infructueux. Il était donc là, couché inanimé sur sa table et couvert d'un drap, attendant que les infirmiers viennent le transporter vers la morgue.
Au bout d'un certain temps évalué à quelques 5 ou 6 heures, il s'est alors réveillé, se demandant, surpris, pourquoi était-il entièrement couvert, comme la coutume l'exige pour soustraire un défunt à la vue des passants.
Le plus mordant de l'histoire est ce qu'il a raconté ensuite de son passage "à vide" durant ces heures vécues dans "l'au-delà". Il se croyait, précisait-il, en véritable villégiature dans un château de campagne, assis en maillot de bain sur une chaise pliante au côté d'une belle jeune fille dévêtue et bronzée, se dorant lui-même au soleil, aux abords d'une piscine, un verre de whisky et un roman à la main.
À son réveil, il se rappelait ses protestations énergiques contre les infirmiers qui, contre son gré, l'avaient si brutalement soustrait à ce qu'il appelait un véritable paradis qu'il préférait de loin à son existence terrestre terne et maussade.
Interrogé, ensuite, à propos du fameux "trou noir" duquel ressortent habituellement les gens ayant subi le même sort que lui, il a confirmé la chose avec force détails, tout en soutenant surtout qu'il était sain d'esprit et que, vivant à Genève à une adresse qu'il indiquait volontiers, il demeurait même accessible aux chercheurs et aux curieux désirant le rencontrer. Il déclarait même s'intéresser à l'écriture d'un ouvrage consacré à cette histoire et se disait prêt à rencontrer d'autres personnes ayant survécu à un drame semblable au sien pour les y associer.