Pour la sixième journée consécutive, le bras de fer se poursuit entre le peuple français mené par les syndicats et le pouvoir en place, au sujet de la réforme des retraites sur le point d'être adoptée.
Inflexibles, le président Sarkozy et son staff ne veulent rien entendre des revendications populaires s'exprimant pour le maintien du départ en retraite à 60 ans et non 62 ans comme le prévoit la nouvelle loi concoctée par Eric Woerth, le ministre du Travail. A la base du différend, se trouve la question du financement des retraites que les pouvoirs publics ont du mal à équilibrer, suite à l'énorme déficit accumulé par la caisse des retraites. À l'opposé, les syndicats, soutenus par les partis de gauche, refusent que les travailleurs paient, par un recul de l'âge de départ à la retraite, les conséquences d'une politique servant davantage les intérêts des riches au détriment des franges pauvres.
Certes, le parlement, favorable au pouvoir en place au niveau des deux chambres, considère, lui, que la réforme proposée et votée par l'Assemblée nationale le sera aussi par le Sénat dès demain ou au plus tard après-demain. Mais la gauche, toute la gauche, et surtout les syndicats et les travailleurs contestent partout son bien-fondé. Du coup, les grèves constituant leur réplique paralysent à présent l'économie française, en privant déjà le parc automobile des carburants indispensables ; elles créent en même temps beaucoup de désordres dans les écoles plus ou moins fermées ou inaccessibles pour nombre d'élèves et d'étudiants. Elles attirent aussi des dizaines de casseurs ici ou là qui démolissent promptement et sans raison des biens publics et privés, créant ainsi des affrontements musclés avec les forces de l'ordre.
Sarkozy et ses ministres, restés impassibles, continuent de faire la sourde oreille au chahut de la rue et rejettent toute forme de compromis visant à tout le moins un retour à la table des négociations avec les syndicats pour un réexamen plus juste de la même réforme. Fort de sa majorité au parlement, Sarkozy montre parfois même une certaine arrogance dans son discours sur le sujet, ce qui ne contribue en rien au retour d'un meilleur climat social.
Les débordements des manifestations lui donnent, bien sûr, des raisons de justifier sa fermeté, mais refuser le dialogue tout court comme semble être sa position ne participe pas non plus d'une volonté de restaurer le calme et la sérénité dans le pays.