Luc Gnacadja, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, invité de la chaîne III de la radio algérienne, s'est montré très préoccupé par l'avancée de la désertification. « Au Nord, l’image qu’ont les gens du changement climatique ce sont les ours polaires qui vont disparaître. Au Sud, ce sont les vies humaines qui sont en danger du fait de la sécheresse devenue plus longue et de la pluie qui vient d’une façon inattendue. Les États doivent comprendre le coût de l’inaction face à la désertification notamment en Afrique », a-t-il observé.
« Des dangers liés à la sécurité alimentaire, à la disparition des pâturages et à l’instabilité. Dans le monde, 80 % des crises violentes sont concentrées dans les zones arides. Des crises alimentées par la compétition pour accéder aux terres fertiles et à l’eau », a-t-il encore souligné.
L'orateur s'est dit particulièrement inquiet à propos de la menace qui pèse sur le continent africain. « Pourtant l’Afrique est le continent le plus affecté par la désertification. Le désert occupe plus de 40 % du continent. Les forêts n’occupent que 11 % du continent. Les populations les plus affectées par le phénomène de désertification se trouvent en Afrique aussi », a-t-il remarqué.
S'agissant de l'approche algérienne de la question, le représentant de l'ONU s'est félicité de constater que : « L'Algérie est un pays précurseur dans la mise en œuvre de cette convention. Dans les années 1970, l’Algérie a lancé le barrage vert qui a permis d’avoir de bons résultats et d’apprendre de bonnes leçons. Ce projet permet à l’Algérie de mettre en action une démarche d’intégration assez remarquable », a-t-il dit.
« Dans le monde, plus de moitié du cheptel vit dans les zones arides. En plus, 44 % des systèmes de production alimentaire sont dans les zones arides. Nous allons de plus en plus manger des protéines animales. La sécurité alimentaire ne sera pas assurée si l’on ne préserve pas les sols dans les zones arides. Il est important de fixer les populations de ces régions et d’investir sur les infrastructures et sur la maîtrise de l’eau », a-t-il enfin recommandé.
Malheureusement, des scientifiques ont récemment démontré que les fameux barrages verts, à l'exemple de celui dressé par les Algériens dans les zones steppique le long des Hauts Plateaux, ne sont d'aucune utilité. Ils ne freinent ni la progression du désert ni ne contribuent en rien à l'amélioration du climat. Autrement dit, il faudrait sans doute chercher d'autres procédés plus efficaces pour stopper la désertification. Et l'exemple qui vient immédiatement à l'esprit c'est bien celui de cultiver les terres situées en bordure du désert, en essayant chaque année de gagner un peu plus sur les terres arides.